Orantes
Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Le chemin d’Emmaüs, un chemin de nos vies

Le chemin d’Emmaüs est tout simplement le chemin du monde et de chacune de nos vies. Si, des deux disciples tournant le dos à Jérusalem, un seul est nommé, Cléophas, c’est pour que chaque être humain puisse s’identifier à l’autre. Combien de déceptions et désillusions sont inscrites dans cet éloignement de la Ville sainte !

On avait tout misé sur une personne, sur une cause, et la violence des hommes a fait son oeuvre.

Mais voici qu’un inconnu surgit et marche avec les disciples. Il écoute leur douleur et se risque à faire un cours d’exégèse. « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » Autrement dit, entrer dans l’intelligence de la Bible, c’est comprendre que Dieu avait rendez-vous avec la croix.

Quand la route de l’Ecriture semble se terminer, l’inconnu fait mine d’aller plus loin. Alors les deux disciples ragaillardis exercent une amicale pression : « Reste avec nous. » A l’écoute de la Parole, ils joignent la pratique de l’hospitalité. Les trois se retrouvent à table. Et là l’inconnu préside le geste de la fraction du pain. L’enseignement partagé devient le partage enseigné. Du coup, les yeux s’ouvrent : Jésus est vivant, ressuscité.

C’est dans l’acte du partage du pain que les disciples reconnaissent leur Maître. Mais au moment même de la reconnaissance, Jésus devient invisible, insaisissable. Emmaüs est un apprentissage de l’invisible. Impossible de « garder à vue » le Seigneur. Mais désormais le « visage sombre » fait place au « coeur brûlant ». Les disciples se remettent debout et leur retour à Jérusalem marque le retournement de leur tristesse en joie, de leur éloignement en communion, de leur démission en mission.

Chaque année, Pâques est une invitation à reconnaître le troisième homme. Pas celui des ovnis et des fantasmagories. Mais celui qui se livre dans la parole, l’hospitalité, le partage du pain, la sortie de soi, le témoignage. Et qui nous fait reprendre la route pour que tous les Emmaüs du monde deviennent une seule Jérusalem, la cité du peuple de Dieu, la cité de Dieu.

Bouleversement

Les disciples de Jésus ont été bouleversés par la mort de leur Maître. Ce faisant, ils ont perdu pied. Ce bouleversement était si profond qu’ils ont eu du mal à le reconnaître, après sa résurrection. Pourtant, il leur avait annoncé son chemin de mort et de résurrection. Bien plus, certains d’entre eux, de retour d’Emmaüs, avaient même raconté à leurs compagnons comment ils « ont reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain ».

En fait, chez les disciples, peur, étonnement et joie s’entremêlent. Le Ressuscité va alors multiplier les gestes et les initiatives pour les faire passer de l’affolement à la paix : il les invite à le toucher, à le regarder, il leur montre ses mains, il mange avec eux et les appelle à se souvenir de ce qu’il leur avait dit. Il ne se contente pas de leur dire qu’il n’est pas un esprit : il le leur fait éprouver, en leur permettant de constater la consistance charnelle du corps ressuscité.

C’est ainsi qu’il les fait « entrer dans l’intelligence des Écritures », par la perception des sens. Une des leçons à retenir, c’est que les rapports entre l’homme et Dieu ne doivent pas être fondés sur la crainte et la peur, mais sur l’amour. Jésus est la figure d’un Dieu d’amour qui chasse la peur, qui apporte la paix et la joie. Le chrétien n’a pas à se laisser gagner par la peur et à être bouleversé. Ou, s’il devait l’être, il s’agirait alors de se laisser « bouleverser » par la résurrection de Jésus. C’est cela qui fera de lui un témoin du Christ ressuscité, dans la liberté !

Quelles sont les peurs et les craintes qui m’habitent aujourd’hui ?
Suis-je prêt à accueillir l’irruption de l’inconnu dans ma vie ? à dépasser mes peurs pour annoncer l’Évangile ? 

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Prions en église 

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