Orantes de l'Assomption
Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Dies natalis de Mère Isabelle, fondatrice des Or.A

Prier avec Mère Isabelle, Fondatrice des Orantes de l’Assomption

«La grande chose, c’est d’aimer. Je voudrais que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes»

3 juillet : les Orantes de l’Assomption commémorent le Dies Natalis de leur fondatrice, Mère Isabelle-Marie de Gethsémani (3 juillet 1921). A cette occasion, je vous propose de découvrir un texte qui peut nous aider à PRIER AVEC MÈRE ISABELLE.

En 1872, Isabelle de Clermont-Tonnerre a 23 ans ; elle veut éclairer l’appel à la vie religieuse entendu à l’adolescence et se met sous la direction du Père François PICARD, 2ème supérieur général des Augustins de l’Assomption.  Elle devient Comtesse d’URSEL par son mariage en 1873. En 1875, elle est veuve et mère de la petite Caroline. Depuis sa retraite d’élection en 1875 jusqu’à 1904, les comptes-rendus des retraites de Mère Isabelle nous permettent de la suivre dans sa vie spirituelle.

En 1901, le Père Picard s’en va en exil à Rome où il mourra au cours de la semaine Sainte de 1903. A sa mort succède le Père Emmanuel Bailly avec lequel Mère Isabelle poursuivra le chemin en Assomption.

Saint Augustin définit ainsi la prière : La prière, c’est Dieu. Dans la prière, l’âme s’efface et ne fait plus qu’un avec Dieu… Vous interrogez-vous comme Saint Augustin disant à son cœur : « Regarde mon cœur où est le tout de tes affections et de tes sentiments« .

Père Emmanuel Bailly aux Orantes, 28 août 1909

Veillez et priez, Mt 26,41

« Quand on veut que l’eau coule vers un endroit défini, il faut creuser le sol pour lui donner un passage. De même si nous voulons que nos pensées et nos aspirations soient transformées par la grâce, il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes…  Mes sœurs, ayez bien cette conviction que vous devez continuellement prier…  Ayez à cœur de chercher Dieu véritablement ; ne vous laissez pas aller à de petits mécontentements et à des craintes, laissez-vous pénétrer de la présence de Dieu et abandonnez-vous à lui comme votre Père.

Si vous gardez des préoccupations, des désirs de paraître, de vous adonner davantage aux choses qui vous intéressent, alors vous ne creusez pas ce sentier qui doit vous conduire à l’union avec Dieu. Chassez donc tout ce qui peut mécontenter Dieu dans vos âmes, creusez de façon à ce que tous les obstacles à l’union à Dieu disparaissent », Instruction du 25 août 1917 aux Orantes.

« Nous avons pour devise : «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières », Ac 2, 42. L’âme doit se tenir unie à Dieu si elle veut entendre la voix intérieure…  Le Seigneur parle toujours dans le silence, lorsque l’âme est attentive », 1920. «Dans le silence, la prière, le travail et le sacrifice, la vie de l’Orante doit être de toujours adorer, toujours aimer, toujours remercier.»

Comment notre vie peut-elle être  une vie d’adoration ?

«Elle le sera si nous gardons notre pensée toujours fixée en Dieu ; si nous restons en présence de Dieu continuellement, nos paroles, nos actions, tout ce que nous faisons devient un acte d’adoration…  Les Orantes doivent agir en toutes circonstances comme de vraies adoratrices. Qu’elles soient devant le Saint Sacrement mais aussi aux alentours du Saint Sacrement. Que toutes leurs pensées, leurs actions, convergent vers le trône de l’Agneau, par l’accomplissement de la Règle par le silence, puisque le silence peut être une adoration. Qu’elles demeurent silencieuses devant Dieu. Que toutes dans la maison vivent autour du Saint Sacrement par la pratique des béatitudes, car nous avons là le code de la sainteté», Instruction du 31 octobre 1912 aux Orantes.       

«Notre Seigneur m’a appelée à une vie d’intimité dans le tabernacle, vie humble, cachée avec Lui…  Union, liquéfaction, devenir un avec Lui, le divin Maître…  Jusqu’à présent, Notre Seigneur, son tabernacle, sa Croix, Lui, ses mystères, Lui Dieu et Homme, avait été mon terme. Je n’en cherchais pas d’autre… Et à un moment donné, il m’a semblé … que Dieu me faisait entendre qu’il ne fallait pas m’arrêter là. Je sentais en quelque sorte Dieu en trois personnes en mon âme, Dieu, l’infini de Dieu au plus profond de mon être, mais je me sentais si perdue…», Lettre des  23 et 28 mars 1904  au Père E. Bailly.

« La prière est souvent un long silence devant Dieu »

 «Il faut savoir supporter ce silence sans chercher la diversion au-dehors. Il faut faire le calme, le silence dans son âme, pour que Jésus en soit le seul Maître », 1890. « Je crains beaucoup l’illusion. C’est la seule crainte qui me soit restée, car il s’est fait dans mon âme un grand apaisement. Je n’ai plus les affreuses angoisses de désespérance et de doute et je marche paisiblement en présence de Dieu, lui abandonnant ma misère. Seulement j’ai peur de l’illusion, j’ai peur de la paresse spirituelle, j’ai peur de me croire dans une voie d’oraison qui n’existe pas», Lettre des  23 et 28 mars 1904  au Père E. Bailly. 

«J’ai eu dans ma jeunesse beaucoup de consolations spirituelles. Un jour, dans l’oraison, Notre Seigneur m’a demandé le sacrifice de toutes ces consolations pour les âmes… Dans l’oraison, j’ai été unie quelquefois aux mystères joyeux, souvent aux mystères douloureux, spécialement à celui de Gethsémani et parfois à celui de l’abandon de la Croix, mais  jamais aux mystères glorieux», Lettre des 23 et 28 mars 1904 au Père E. Bailly.  

«Je ne désire pas les consolations. Il me semblerait, si je les recherchais, que je ne travaille pas pour les âmes sous la forme que Dieu a choisie pour moi. Je crains toujours de n’être pas fidèle dans cet état où la prière m’est si fort à dégoût et où je suis si paresseuse. Il ne me sert de rien de prendre un livre. Tel livre que je lirais volontiers tranquillement à ma table ne me dit plus rien quand il s’agit de l’oraison.

La seule chose qui puisse me dire quelque chose à l’oraison, c’est cette Parole intérieure du Verbe…. cette illumination que l’âme doit trouver dans son commerce avec Dieu. Mon âme ne peut pas supporter d’intermédiaire avec Dieu dans l’intime du cœur. Là il n’y a pas de paroles. Il y a la vie, l’union, la liquéfaction de la pauvre âme pécheresse dans sa communication avec Dieu… C’est de temps en temps, au fond de mon cœur que je sens cela, que je cherche cela. Tout le reste du temps… je pense à une foule de choses qui ne m’intéressent pas du tout», Lettre du 11 mars 1907  au Père Emmanuel Bailly.

Adveniat Regnum Tuum

«Aucun livre et aucune réflexion ne me donne la lumière.  Je ne trouve la possibilité de prier que dans des paroles qui sont toujours les mêmes : apprenez-moi à prier, donnez-moi des âmes, étendez votre Règne… et quelques autres semblables, mais pas beaucoup d’autres.  Cela ne varie guère et, malgré les distractions prolongées de l’esprit, l’oraison me parait toujours être beaucoup plus un acte de présence, un acte d’union qu’un acte de réflexion ou de parole.  M’unir, être un avec Notre Seigneur, que son action soit mon action, sa pensée ma pensée, son vouloir mon vouloir. C’est la goutte qui se perd dans l’océan. Elle se perd et, quand on se perd, on ne voit plus rien… La seule chose que je vois (maintenant), c’est le désir d’être toute à Dieu extérieurement, intérieurement…, Lettre du 9 mai 1906  au Père  Emmanuel Bailly.

«L’autre jour, je disais à Notre Seigneur que je ne savais même pas lui exposer toutes les intentions pour lesquelles je dois et veux prier… Tout aussitôt la réponse s’est faite dans mon âme : n’est-ce rien que d’être le tabernacle de Jésus-Christ, de le porter en moi ? Lui connaît mes intentions, Lui sait ce que je dois demander. Lui prie sans cesse en moi, Il me remplace. Alors, le travail de ma prière est fait, non pas parce que je suis dispensée de peiner, mais le travail aboutissant.

Je me débats comme je peux, et pendant ce temps, Notre Seigneur prie sans cesse en moi. Je suis le porte-Dieu, le tabernacle de l’Homme-Dieu sans cesse en adoration devant son Père, s’offrant à Lui, priant pour les âmes, la victime qui répare. Je n’ai pas à m’inquiéter de ce qui me manque – et tout me manque dans la prière – Jésus me remplace en moi. C’est Lui qui prie pour votre retraite, mon cher Père. Vous pouvez être tranquille sur le résultat», Lettre du 8 août 1916  au Père E. Bailly.

«La grande chose, c’est d’aimer. Je voudrais que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes», …

Soeur Monique-Anne, Or.A.         

Pensées de Mère Isabelle