En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève : tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez en moi. Moi, je suis la vigne, et vous , les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. ‘Si’ vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples ».
Jn 15, 1-18
En ce temps-là !
C’est vraiment le génie de Jésus de nous parler en images très simples pour circonscrire l’essentiel de notre foi. Ainsi cette ‘parabole’. Nous croyons en Dieu, Père et vigneron, qui dans les terres pétries de ses mains a planté le pied de vigne, son Fils. Il a songé aux sarments, que nous sommes et les a greffés sur le cep. Celui-ci grâce à la sève, son propre sang, puisée en ces terres et transmise aux sarments nous permet de susciter des fruits en abondance, malgré le sarment sec et l’autre à tailler
La parabole de la vigne a deux volets , l’un (1 – 4) où le maître de la vigne, le cep et les sarments ont un rôle important de relations entre eux, l’autre (5 – 8) où la relation du cep aux sarments joue le premier rôle.
Volet 1 : Moi je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron
La vigne selon le dictionnaire est à la fois l’arbrisseau et le terrain planté de tels arbrisseaux. Dans l’Ancien Testament déjà le peuple élu est présenté comme la vigne. Le vigneron, Dieu, en fait sa vigne, objet de toutes ses attentions. Quant au Nouveau Testament, la référence est la parabole de ce dimanche. Autrefois on traduisait : je suis le cep, le cep étant le pied de vigne. Il y a toujours le vigneron, le Père, qui a planté le cep, Jésus, en terre pour permettre au cep de porter des sarments ; les sarments sont les branches nourries par la sève qui de la terre passe par le cep afin que les sarments puissent porter du fruit en abondance. L’image est merveilleuse, tellement suggestive de l’histoire d’amour entre Dieu et les hommes.
Tout vient du Père, Dieu amoureux des hommes, qui a planté en son Fils devenu chair parmi les hommes, le cep auquel les sarments se rattachent. Jésus est la vraie vigne : il est tant le cep qui nourrit les sarments que la vigne elle–même, l’arbrisseau où le pied de vigne et les sarments font un tout, le Christ et les siens. La ‘vraie’ vigne, vraie face à la vigne de l’Ancien Testament, car la venue de Jésus est vraie, c’est-à-dire inoubliable, un jalon sûr. Le Père est le vigneron indispensable pour que la vigne puisse prendre corps : il veille sur ‘sa vigne’ en enlevant les sarments qui ne produisent pas de vrai fruit, les faux fruits étant les dévotions vides et perverses, tout juste bons pour être jetés au feu. Par ailleurs le Père taille le sarment afin que le sarment puisse produire davantage. A remarquer l’insistance de Jésus à mentionner que tous les sarments étaient branchés en lui : il est aussi attentif aux sarments moribonds qu’aux autres, les branches saines.
Attentif aussi à la façon de tailler de son Père, ce qui ne va jamais sans blessures mais que lui avec sa sève pourra guérir, là il est dans son rôle. Il ajoute d’ailleurs que c’est par sa sève, sa parole il peut nous purifier. Le mot-clef devient alors ‘demeurer’ qui en plus que habiter ; il met l’accent sur la durée. Demeurer en lui, c’est savoir qu’il est le Vivant bien présent dans nos vies ; et il ajoute la réciprocité : lui demeure en nous, c’est là aussi le but qu’il s’assigne. Croire en Jésus ressuscité Vivant, c’est avant tout avoir confiance dans la permanence de sa présence agissante en nous. Il insiste que le sarment par lui-même ne peut pas porter de fruit s’il ne demeure pas en lui : demeure en moi, nous dit-il.
Volet 2 : La parabole traite à présent de la relation du cep avec les sarments
Lui, Jésus est la vigne, le cep, c’est son identité que de tirer la sève par les racines et la fournir aux sarments, que nous sommes. Notre identité est d’être des transformateurs de la sève donnée par le cep en fruits donnés au monde. La condition est de demeurer sur le cep tandis que lui demeure en nous, afin de donner des fruits en abondance. Jésus l’exprime encore autrement de façon négative : hors de lui, c’est le néant, l’échec : nous ne pouvons rien faire. Nous devenons comme le sarment jeté dehors qui se dessèche, bon pour être jeté au feu et y brûler.
Alors quoi ? Tous ceux qui n’ont jamais connu Jésus, parce qu’ils n’ont pas reçu la bonne nouvelle, et tous ceux qui l’ont connue mais ne l’ont pas traduite en leur vie, sont-ils tous destinés au feu de l’enfer ? Et le dessein de Dieu en cette perspective, lui qui veut que tous les hommes parviennent au salut, comme l’a dit Jésus ? Sont-ils remis au pouvoir de l’adversaire ? Le temps pascal où éclate la merveille de la vie en Jésus Vivant, inclut aussi le feu de la Pentecôte. Je lis la parole de Paul : « L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu ». C’est une parole destinée à toutes les nations : que d’hommes en ce monde, le nôtre’, vivent dans leurs faits et gestes que l’Esprit de Jésus a rejoint leur esprit humain.
Si Jésus est le Vivant, l’Esprit est le Vivifiant qui permet à tout homme de vraiment vivre et produire de beaux fruits en abondance. Cela vaut pour tout homme , chrétien ou pas car Jésus est mort et est ressuscité pour tous les hommes, personne n’est dépourvu de son Esprit qui rejoint leur esprit. Dans cette foi en ce que Jésus demeure en nous par son Esprit, et nous en lui, que nous pouvons être assurés que tout ce que nous demandons, tout ce que nous voulons : cela se réalisera. Quel soulagement de savoir que cette prière se réalisera, non pas par nos efforts et nos mérites, mais par pure grâce gratuite de Dieu.
Jésus termine en évoquant la gloire de Dieu, cette gloire si bien définie par saint Irénée de Lyon vers 150 ans de notre ère : Gloria Dei, vivens homo. La gloire, c’est-à-dire ce qui a de la valeur aux yeux de Dieu, c’est que tout homme vivent du bonheur de vivre la vie de Dieu. Mais Irénée continue en disant : gloria hominis visio beata. La gloire de l’homme est d’être heureux de voir Dieu. Jésus y a ajoute : « que vous soyez pour moi des disciples, de ceux qui se laissent enseigner par moi
Quelques propositions de question à se poser à la lecture cet évangile pascal
-> Vivre la foi en Dieu qui ressuscite Jésus pour que nous soyons des ‘vivants’ devant lui : non pas seulement en récitant le credo, mais en le traduisant au jour le jour : en gratitude pour le Vigneron qui a planté en cette terre le cep, qui nous nourrit de sa sève qu’est la parole en l’évangile, en le pain de vie, en l’amour pour tout homme ?
-> Demeurer en réciprocité : Dieu en nous et nous en Dieu : Notre regard de reconnaissance pour cette vision heureuse ?
-> Vivre l’évangile comme une histoire sainte de nos rencontres avec la Parole ?
-> Vivre la gratuité de l’amour de Dieu et non pas nos mérites : sommes-nous offusqués en écoutant la parabole des ouvriers de la onzième heure qui reçoivent le même salaire que tous ?
-> « Demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous » La prière du Notre Père est la prière de demande où nous demandons ce que le Père veut et où nous demandons que nous y apportions notre quote-part. « Que ton Règne vienne » La royauté de Dieu fait d’amour passionné et l’écho en notre vie ? « Que ta volonté soit faite » : La tienne avant tout, mais tu veux avoir la mienne, que j’y souscrive