Jésus est le centre de la foi chrétienne. Il est venu « proclamer l’Évangile de Dieu » (Marc 1, 14) et révéler le visage du Père. Il incarne l’accomplissement des Écritures; il est leur interprète définitif. Ma méditation en ce 3e dimanche du temps ordinaire, nommé par le pape François « Dimanche de la parole de Dieu« .
L’évangéliste Marc nous rapporte la première prédication de Jésus, qu’on peut entendre comme une symphonie en quatre mouvements : « Les temps sont accomplis : le règne est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Marc 1, 15).
« Les temps sont accomplis »
Depuis que le Verbe s’est fait chair, le temps ne se résume plus au passé, au présent et à l’avenir, il ouvre sur le royaume des Cieux. Pour les chrétiens et chrétiennes, le temps n’est pas seulement physique et linéaire, comme celui de nos horloges, mais il est action du Père, révélation du Fils, communion du Saint-Esprit, au cœur même des événements que nous vivons. Nous avons le devoir de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, comme nous y invite le concile Vatican II.
Dieu habite notre histoire, par laquelle nous parvient le salut. Tel est le sens profond du temps liturgique qui nous libère de nous-mêmes et nous entraîne au cœur même du mystère pascal. En ce sens, « les temps sont accomplis ». Celui d’aujourd’hui, où le Christ nous sauve par sa parole et ses actions, par sa mort et sa résurrection, est assurément favorable
Saint Paul nous rappelle dans la deuxième lecture que le temps file et que nous ne sommes que de passage ici-bas : « Frères, je dois vous le dire : le temps est limité […] Car il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1 Corinthiens 7, 29.31).
« Le règne est tout proche »
Le Christ est parmi nous. Il proclame la Bonne Nouvelle du règne de Dieu par sa parole de vie. Il est lui-même ce règne, ou ce royaume, en qui nous demeurons avec le Père et l’Esprit. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jean 14, 23).
Croire en la parole de Jésus est capitale. Elle ouvre les portes du salut et nous fait accéder à notre humanité profonde. Notre foi est chancelante, mais nous pouvons faire confiance au Seigneur, et reprendre sans cesse la prière qu’il nous a laissée : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6, 10).
« Convertissez-vous »
La foi est en mouvement, comme une symphonie. Elle est don et expérience, écoute et réponse, toucher et regard, doute et nuit, combat et engagement.
En croyant que Dieu est présent dans le temps et l’histoire, nous n’avons qu’une réponse à lui donner : nous convertir, c’est-à-dire changer de direction, suivre le Christ et ne vivre que pour lui. C’est ce que firent les premiers apôtres : « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » (Marc 1, 18)
« Croyez à l’Évangile »
Voilà la direction à prendre : croire à l’Évangile, mot grec qui signifie « Bonne Nouvelle ». Quelle joie ! Oui, la joie dans sa plénitude, car le Royaume est accompli en la personne de Jésus.
En suivant le Christ, nous participons à cette joie divine qui est plus forte que la mort. Méditons chaque jour un extrait des évangiles, laissons-le entrer en nous dans le silence de la prière, et notre vie deviendra une bonne nouvelle pour aujourd’hui.
En ce dimanche, dédié à la Parole de Dieu, retentit à nos oreilles cet appel à la conversion. L’idée traverse les différentes lectures de ce jour. La première lecture nous en parle: la mission de Jonas est celle d’appeler les gens de Ninive à la conversion. Et la réponse des habitants de cette grande ville est édifiante: à peine entendent-ils cette annonce, ils s’engagent dans les gestes de pénitence et de conversion. Du plus grand au plus petit. Et même les animaux ne sont pas en reste!
Malgré la profondeur de notre péché, la conversion est donc possible! Les habitants de Ninive nous en donnent l’exemple. Leur promptitude à se convertir nous est lancée comme un défi: «Lors du jugement, ils se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront » (Mat.12, 41).
L’évangile nous donne un dernier élément pour nous indiquer ce que signifie véritablement se convertir: suivre et s’attacher à la personne du Christ. En effet, dans l’évangile de ce dimanche, l’appel à la conversion coïncide avec l’invitation à se mettre à la suite du Christ. Simon et André, Jacques et Jean l’ont compris: à l’invitation du Christ, ils laissent tout et se mettent à sa suite, s’apprêtant à se laisser transformer en pêcheurs d’hommes. L’évangile de ce dimanche nous rappelle ainsi que la véritable conversion consiste, non pas à un changement d’idéaux et de philosophie, mais à un attachement à une personne concrète, Jésus-Christ, à qui l’on choisit de livrer sa vie; car nous reconnaissons en lui l’Agneau de Dieu, celui qui enlève les péchés du monde, et qui nous permet de voir toute chose nouvelle.
Demandons donc au Seigneur de nous donner de vivre «autrement» notre vie ordinaire, à la suite et attachés au Christ, la parole vivante de Dieu. AMEN!
Prière
Seigneur Jésus, centre de notre foi, tu es venu nous révéler l’amour du Père et proclamer le Royaume dans le monde. Apprends-nous à scruter les signes des temps à la lumière de l’Évangile qui est esprit et vie. Que ta parole nous transforme de l’intérieur.
Tu es toi-même ce royaume de Dieu que tu annonces en toute humilité. Inspire-nous à prier ensemble pour que le règne de ton Père vienne. Augmente notre foi pour ne faire qu’un avec toi, le Père et l’Esprit Saint.
Tu nous demandes de nous convertir, de laisser nos chemins tortueux pour nous tourner vers ta lumière en croyant à la Bonne Nouvelle. Fais-nous passer de la mort à la vie par ton Esprit qui demeure en nous à jamais.
Voir Jacques Gauthier dans Prions en Église Canada, 21 janvier 2024, p. 30-32.