Le père Nicolas Berthier commente les lectures du 27e dimanche du temps ordinaire. Vivre dans la joie de la confiance et de la reconnaissance pour tout ce qui nous arrive est une disposition de cœur qui peut nous aider à affronter le monde et les événements tels qu’ils se présentent à nous.
Avec Dieu, pas de manigance mais de la confiance… voilà une petite phrase que l’on pourrait retenir après avoir lu et prié les textes de ce dimanche. Avec Dieu, pas de manigance mais de la confiance… Ce qui est sûr c’est que le royaume nous est offert : comme tout cadeau donné, il nous faut l’accepter et l’accueillir sinon il reste de côté, sans effet, sans surprise et sans joie partagée.
La pédagogie de Dieu
Les textes de la première lecture (Is 5, 1-7) et de l’évangile (Mt 21, 33-43) se font écho et nous présentent une relation entre Dieu et l’homme, relation qui évolue avec le temps et suivant la compréhension de l’homme. C’est bel et bien la pédagogie de Dieu qui se révèle progressivement au cours de l’histoire d’alliance entre Dieu et l’humanité. Dieu ne s’impose pas. Il fait alliance mais laisse la liberté à l’homme, et cette liberté ira jusqu’à laisser la vigne se faire grappiller par les ennemis et les bêtes sauvages. Dieu aurait pu protéger la vigne du désastre mais non, il laisse l’homme face à sa responsabilité. Dieu ne reprend pas la vigne non plus mais la laisse entre les mains de l’homme…
Vivre dans la joie de la reconnaissance pour tout ce qui nous arrive est une disposition de cœur qui peut nous aider à affronter le monde qui nous entoure et à accueillir les événements tels qu’ils se présentent à nous.
Voilà que le cadeau que Dieu nous fait est abandonné… le royaume est entre nos mains mais l’homme ne s’en rend pas compte ; il manigance pour avoir ce qui lui est déjà offert au lieu de faire confiance… Quel dommage ! Mais pas d’inquiétude, le Seigneur est fidèle et ne se lasse pas de nous attendre dans de meilleures dispositions.
Faire confiance en toutes circonstances
Avec Dieu, pas de manigance mais de la confiance… la première recommandation de la deuxième lecture nous invite clairement à lâcher prise. Quand saint Paul s’adresse aux Philippiens en disant : « Ne soyez inquiets de rien » (Ph 4, 6), il s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Il va même encore plus loin en ajoutant :
Mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Faire confiance en toutes circonstances, ne pas s’inquiéter mais persévérer dans la prière et la supplication, telles sont donc les invitations qui nous sont faites. Ce n’est pas à nous de décider quand et comment les choses doivent se passer. Ce n’est pas à nous de décider quand et comment la vigne va nous revenir. Ce n’est pas à nous de décider quand et selon quelles modalités recevoir l’héritage. Et saint Paul nous donne un moyen pour vivre cet abandon plus facilement, il nous indique une attitude spirituelle essentielle : « Tout en rendant grâce » (v. 6).
Vivre dans la joie de la reconnaissance pour tout ce qui nous arrive est une disposition de cœur qui peut nous aider à affronter le monde qui nous entoure et à accueillir les événements tels qu’ils se présentent à nous. Se tourner vers Dieu dans la louange et la simplicité d’une relation paisible avec le Très-Haut est le début de cette marche dans la confiance. Le Seigneur est toute patience et il ne faut surtout pas nous comparer les uns les autres ; untel ira plus vite sur ce chemin de l’abandon alors qu’un autre sera plus hésitant pour avancer dans la confiance. Le Seigneur fait route avec chacun là où il en est. Et le fruit de tout cela est la paix de Dieu qui garde « nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus ».
Dans un mouvement de retour
Avec Dieu, pas de manigance mais de la confiance… Le psaume nous montre que la confiance se trouve aussi dans un mouvement de retour. Le psalmiste se tourne vers le Seigneur en lui disant : « Dieu de l’univers, reviens ! » (Ps 79, 15) ; quelques versets plus loin il dit : « Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir » (v. 20).
Chacun, c’est-à-dire aussi bien le Seigneur que l’homme, est invité à revenir vers l’autre mais le sujet principal est toujours le Seigneur de l’Univers. Dieu est déjà présent au cœur de l’homme et ce dernier doit l’accueillir. Se retourner, revenir au Seigneur : c’est le mouvement la conversion, fruit du travail de l’Esprit saint en chacun de nous. Nous sommes mus par l’Esprit saint qui nous tourne vers Dieu et Dieu se tourne vers nous. Notre prière de confiance et d’abandon peut alors être la suivante : « Seigneur j’ai besoin de Toi pour revenir à Toi. » L’homme et Dieu sont intimement unis dans une relation de confiance et il revient à l’homme d’entretenir cette relation en accueillant et en laissant l’Esprit saint travailler son cœur et sa prière.
Que le Seigneur aide chacun de nous à avancer dans la confiance pour l’accueillir vraiment et pour porter du fruit digne du Royaume qui nous est promis. « Seigneur Jésus, j’ai confiance en Toi. »