Jésus a beaucoup parlé de la miséricorde de Dieu durant son existence terrestre. Pourtant, c’est en tant que ressuscité qu’il en a révélé la portée décisive. La Résurrection confirme et cautionne en effet les choix du Crucifié.
Le dimanche de l’octave de Pâques, pourquoi l’Église a-t-elle choisi le récit des deux apparitions de Jésus ressuscité aux Douze dans l’évangile de Saint Jean pour célébrer la Miséricorde divine, plutôt qu’une parabole qui traite spécialement de ce thème, par exemple celle du fils prodigue ? En fait, un des principaux motifs de ce choix réside dans la volonté de mettre un visage sur cette Miséricorde. Comme le Fils est l’image du Père, il est également l’expression parfaite de Sa Miséricorde. Celle-ci n’est pas un thème abstrait, ni un vague sentiment : elle s’incarne parfaitement dans le Ressuscité.
Les plaies de Jésus sont sa carte d’identité
Mais la question rebondit : pourquoi avoir choisi pour cela Jésus en tant que ressuscité, et non le Jésus cloué sur la Croix, ou bien le rabbi qui remit ses péchés au paralytique ? En fait, il s’agit de montrer que Jésus, non seulement ne nous a pas oubliés une fois ressuscité, mais surtout qu’il nous a pardonnés de l’avoir abandonné le Vendredi saint. Surtout, il tient à nous montrer les signes indubitables de cette miséricorde : les plaies laissées sur son corps.
Peu de personnes ont reconnu le Ressuscité lors de ses apparitions le Jour de Pâques : on dirait qu’il a changé de visage ! En revanche, une chose n’a pas changé chez lui : ce sont les blessures que les bourreaux lui ont infligées. Désormais, à Pâques, ce sont elles qui lui servent de carte d’identité ! Les marques de la crucifixion renvoient à la volonté de Jésus de nous sauver et de nous faire miséricorde en venant nous rejoindre sur les lieux mêmes de nos malheurs : la souffrance et la mort. Ainsi se justifie le choix de l’évangile des deux apparitions pascales aux Onze pour célébrer la Miséricorde divine.
Une autre raison a motivé ce choix : seul le Ressuscité pouvait donner l’Esprit-Saint aux Apôtres afin qu’ils pardonnent à leur tour les péchés de ceux auxquels ils seraient envoyés. En effet, l’évangile de Jean précise que l’Esprit ne pouvait pas être donné aux hommes avant que Jésus ne fût glorifié dans sa Pâque (Jn 7, 39).
La Miséricorde nous appelle à la gloire
De surcroît, la Miséricorde divine va au-delà de la guérison de nos maladies ou du pardon de nos péchés. Elle est aussi promesse et réalisation dès maintenant d’un bonheur incommensurable, divin, parce qu’elle se consomme dans notre participation à la Vie divine. Le Ressuscité ne rougit pas de traiter ses disciples comme des frères et des amis. Dans cette amitié éclate la marque la plus flagrante de sa miséricorde divine. Car l’amitié de Jésus est l’expression de l’amitié de toute la Trinité. Dieu est un.
Jésus désire nous partager sa gloire. Comme le père du fils prodigue de la parabole de Luc, les apparitions du Ressuscité nous révèlent que Jésus se fait une joie de nous introniser fils et filles de son Père. Ses plaies, il les emporte au ciel afin de manifester que notre nature est restaurée dans sa dignité. Le Fils ne veut pas retourner chez son Père sans nous ! Tel est le signe suprême de sa Miséricorde.
La peur, principal obstacle à la Miséricorde
Le soir de Pâques, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils se trouvaient, confinés (déjà !) de leur plein gré. Cette précision constitue un autre motif du choix de cet évangile pour illustrer la Miséricorde divine. Par ce détail, l’Esprit Saint nous fait comprendre que le premier obstacle à cette Miséricorde n’est pas la conscience de notre péché, mais plutôt la peur, peur de Dieu ou peur des autres, une peur qui résulte d’une foi faussée.
En effet, pourquoi avoir peur de Dieu, sinon parce que notre esprit nous le dépeint tel qu’Il n’est pas. « Adam, où es-tu ? » demandait déjà Dieu, au jardin d’Eden, à sa créature qui se cachait de Lui. Souvenons-nous des paroles prophétiques du saint pape qui institua cette fête de la divine Miséricorde : « N’ayez pas peur ! » Dans cette dynamique, en cette période confinement, prions l’Esprit-Saint de venir consoler les personnes esseulées et angoissées, plus particulièrement nos aînés ou reclus chez eux.