A l’occasion de la journée commémorant le serment prêté par le premier roi des Belges, Léopold de Saxe-Cobourg, seront organisés des défilés, bals, feux d’artifices, spectacles, discours, etc. Mais, que célèbre la Belgique ce 21 juillet ? Une Belgique unie, indépendante ? Sans aucun doute. Notons par ailleurs que ce qui donne la saveur aux célébrations de ce jour reste caché aux yeux des plusieurs ; ce qui les fait vivre c’est une sève qui nourrit et féconde toute action. Le grand absent aux célébrations en cours, c’est pourtant Lui qui donne la vie, le mouvement et l’être. Aujourd’hui, on va entendre parler des valeurs humaines telles que la fraternité, l’unité, l’égalité, etc.
Alors que sont célébrées les fêtes nationales, juillet est aussi un temps des visites, parfois inattendues, parfois dérangeantes, souvent bienfaisantes. Accueillir c’est, tout à la fois, être avec, écouter, servir. Pendant son ministère, Jésus a multiplié les rencontres comme celle avec Marthe et Marie. Aujourd’hui encore, il attend d’être accueilli. Lui ouvrirons-nous la porte ?
Nos sociétés fragilisées s’interrogent sur la fraternité. Là où la liberté et l’égalité peuvent être garanties par un Etat de droit, la fraternité est difficile à décréter ! Même l’Ecriture est ambivalente à propos de la fraternité, comme en témoigne la violence de l’histoire de Caïn et Abel. Comme dans beaucoup de familles, les relations ne sont pas faciles entre Marte et Marie qui, avec leur frère Lazare, font partie de l’entourage immédiat de Jésus. De façon plus troublante encore, la proximité même du Seigneur, en qui s’accomplit le mystère de notre réconciliation, ne fait qu’aiguiser le conflit familial.
Face à nos difficultés contemporaines, quelles sont alors les ressources offertes par les Eglises pour faire société ? Dans son enseignement et dans sa vie offerte, saint Paul montre que l’Evangile du pardon s’inscrit dans sa propre chair. Le ministère qu’il a reçu n’est pas une simple fonction car il façonne son existence personnelle jusqu’à lui permettre de trouver un sens aux souffrances qu’il traverse.
Ainsi la rencontre avec le Ressuscité n’est pas seulement au bout de la route d’une expérience mitigée de la fraternité, mais à l’intérieur même des événements ambivalents qui construisent nos existences.
La prise de conscience que l’expérience croyante englobe même les aspects les plus chancelants de nos vies, trouve une vraie ressource en Abraham. A la fin, il saisit le sens de la visite du Seigneur : Dieu traverse et renouvelle l’intimité de son expérience conjugale. Là, il peut être reconnu comme père des croyants, et ouvrir la voie à une fraternité spirituelle.
Père Luc Forestier, dans Prions en Eglise