Orantes de l'Assomption
Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Quand Jésus se met en colère dans le temple

La colère de Jésus dans le temple de Jérusalem

Le temple de Jérusalem, construit par Hérode le Grand à partir de 20 avant Jésus Christ, était une belle et vaste construction. Outre le sanctuaire et le Saint des Saints, il comportait deux grandes cours, celle des hommes et celle des femmes, ainsi qu’une immense esplanade: le parvis des païens. C’est là que beaucoup se rassemblaient pour traiter leurs affaires, écouter les docteurs de la Loi, acheter des animaux pour les sacrifices et changer de la monnaie. C’est dans ce brouhaha de souk oriental, que se place l’incident rapporté par saint Jean. Jésus, en colère, fouet en main, chasse les marchands du temple. « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic », dit-il, en accomplissant ce geste prophétique. Je vous propose de méditer sur trois leçons de cet épisode.

Il existe deux types de colère. L’une est une juste colère face aux injustices que nous voyons autrui subir. L’autre est une colère vengeresse qui veut punir ceux qui nous ont fait du mal, et ceci peut nous empêcher d’aimer tout le monde. Prions pour que nous fassions preuve de discernement à cet égard. Dans ce passage, remarquez que Jésus utilise un fouet de cordes pour chasser les vendeurs d’animaux et les changeurs, mais qu’il se contente de parler aux vendeurs de colombes moins fortunés pour leur dire de les retirer de là.

.

L’attachement à l’argent

L’argent est nécessaire, mais il peut être aussi un piège. Quand s’instaure le primat de l’économique à l’échelle mondiale, on glisse inévitablement dans la spirale du chômage, de la violence et du mépris des droits essentiels de la personne humaine. Au temple de l’or et de l’argent, avec son cortège d’injustices et de misères, nous avons à substituer le temple de la justice, de l’amour désintéressé et du respect. Voilà pourquoi Jésus chasse les marchands du temple. Soyons vigilants: la passion du pouvoir et de l’avoir se glisse partout, y compris dans notre propre cœur.

.

La maison de mon Père

Pourtant l’essentiel ne se trouve pas encore là. Ecoutons longuement cette étrange expression que Jésus utilise pour parler du temple: « la maison de mon Père ». Quel secret, quelle plongée dans l’intimité de sa personne, se cachent sous ces formules. Il est chez lui dans ce Saint des Saints, ce sanctuaire tabou, où nul ne peut entrer, sauf le Grand Prêtre, une fois par an. Ce lieu intouchable, séparé de tout, Jésus dit tout simplement que c’est la « maison de son Père », et sa propre maison de fils. Oui, ce qui est premier dans le culte que nous rendons à Dieu, ce ne sont pas les gestes (bœufs, brebis ou colombes), mais la confiance filiale que nous y mettons.

S’installer au temple

Il trouva installés… Ce mot est terrible. Car le temple est avant tout le lieu d’une rencontre, d’un changement, le lieu où l’on vient se réconcilier avec Dieu, avec las autres en faisant table commune. C’est toute la symbolique des sacrifices. Car au temple, on y mangeait ensemble une part des animaux sacrifiés, repas signes du pardon partagé, de la communion retrouvée. Or voilà qu’il devient un lieu où certains s’installent… pour y faire commerce. Le pardon se monnaie, et toute une micro-société y trouve son intérêt : marchands, changeurs de monnaie, prêtres… Insidieusement le temple est vidé de son sens. Il n’est plus le lieu de circulation joyeux du pardon, de la fraternité retrouvée, de la fragilité et du péché qui peuvent se dire publiquement et dont on est déchargé. Le résultat transparaît dans les paroles de Jésus : ce n’est plus le lieu du renouvellement du lien, lieu du changement, de la conversion, mais le lieu d’un trafic où l’on utilise le péché au lieu de le guérir. On l’utilise au profit de quelques-uns qui se trouvent installés, là. Le psaume qui revient en mémoire des disciples ajoutent une autre conséquence : le cri des pauvres n’est plus entendu.

.

Le sanctuaire de son corps

Nous arrivons, avec cette phrase, au cœur de cette page d’évangile. C’est son corps, ce corps qui sera crucifié et ressuscité, qui est le nouveau temple. Ainsi, le lieu de la Présence de Dieu, n’est plus un édifice, c’est Quelqu’un! C’est le Corps du Christ. Toute la liturgie chrétienne tourne autour de cette mystique du Corps du Christ. Mais comprenons jusqu’où va ce mystère! « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? », dit saint Paul aux Corinthiens. Ainsi, ce n’est plus seulement le corps ressuscité de Jésus qui est le nouveau temple, mais le corps de chaque baptisé. En recevant le corps de Jésus, je deviens son corps qui est un sanctuaire. Voilà jusqu’où se fonde l’éminente dignité de l’homme.

.

Prière

Père, tu sais mieux que quiconque combien aujourd’hui encore, nos temples, nos églises sont habités par des personnes qui s’y installent, et bien souvent nous en sommes les premiers. Pitié pour nous, au nom de tous ceux et celles qui crient vers toi. Convertis-nous. Que ces lieux soient des lieux de joie, d’accueil de tous, de pardon, de conversion. Qu’ils servent à te rencontrer toi. 

Cf. www.kerit.be