A l’occasion de la fête nationale de la France, intéressons-nous à la naissance de cette patrie. N’existe que ce qui est né. Pour être quelque chose ou quelqu’un, il faut naître comme une entité en soi, une réalité autre que toutes celles qui préexistent à elle : un enfant vient de ses parents mais, par sa naissance, il existe et vit comme un individu différent. Depuis Clovis et Clotilde au Moyen Âge, 12 siècles mouvementés enrichissent la France jusqu’à 1790 où fut enfin accomplie l’unité nationale.
Du 14 juillet 1789, devenu fête nationale française, Victor Hugo écrivait qu’en ce jour « on vit un chant d’amour sortir d’un cri de colère« . En écrivant pour ce dimanche 14 juillet, j’ai à l’esprit la transformation du cri en chant, la mue de la colère en amour, célébrée par le poète? Le mouvement qui fait passer de l’indignation à la fraternité est une tâche éthique pour l’humanité. Cette tâche a souvent été mise en discours, notamment en 1948, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la découverte de ce que l’homme peut infliger à un autre homme, vulnérable et nié dans son humanité.
Ce mouvement est toujours à mettre en actes parce que, en matière d’humanité, on ne peut pas se payer de mots et détourner le regard. Ce dimanche, nous écoutons l’histoire d’un Samaritain. On ne sait s’il a ressenti de la colère mais il nous est dit qu’il fut sensible, atteint aux entrailles, indigné intérieurement et saisi de compassion. les textes du jour nous invitent à considérer et à relier proximité de la Loi et proximité d’autrui.
Le Samaritain peut mettre en pratique la Loi parce qu’elle réside au creux de ses entrailles, qu’elle n’a pas d’autre nom que l’amour, et qu’elle le rend vulnérable à toute souffrance. Lui, l’étrange, l’hérétique, a vu ce que le prêtre et le lévite n’ont pu voir. A celui qui récite la Loi et demeure en quête de vie, Jésus raconte l’histoire de celui qui la met en pratique. Il nous montre ainsi que la Loi est Parole intérieur, Parole qui vivifie, parole efficace qui met en mouvement, Parole proche qui révèle que la catégorie « non prochain » n’existe pas.
Cf. Marie-Dominique Trébuchet, Prions en Eglise