« N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des états, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait ! » En 1978, dans la messe inaugurale de son pontificat, Jean Paul II donne la clé de lecture de son pontificat : l’espérance. Avant d’aller plus loin, qui est Jean-Paul II ?
Le 22 octobre, il entame solennellement son ministère et prononce ces paroles fortes : « N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ ». Son pontificat de près de 27 ans est l’un des plus longs de l’histoire de l’Eglise.
Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! N’ayez pas peur ! Le Christ sait « ce qu’il y a dans l’homme » ! Et lui seul le sait !
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Petite biographie de Jean-Paul II
18 mai 1920 : Naissance de Karol Wojtyla à Pologne
1er novembre 1946 : Ordination sacerdotale
28 septembre 1958 : Il devient le plus jeune évêque de Ombi
1964 : Il est nommé archevêque de Cracovie
1967 : Karol Wojtyła devient archevêque puis cardinal
16 octobre 1978 : Karol Wojtyla est élu pape et prend le nom de Jean-Paul II. Il choisit pour devise « Totus Tuus » : « Je suis tout à toi Marie »
1979 : Le Pape sillonne le monde. Il fera 104 voyages à l’étranger
13 mai 1981 : Jean-Paul II victime d’un attentat, jour anniversaire de la première apparition de la Vierge à Fatima
1985 : Jean-Paul II initie les JMJ qui rassembleront des milliers de jeunes du monde entier
1986 : Le pape fait des gestes forts envers les autres religions
2000 : Le Grand Jubilé, ouverture de la porte sainte
30 avril 2000 : le pape Jean-Paul II institue la fête de la Miséricorde divine, à l’occasion de la canonisation de sr Faustine
2002 : Le pape Jean-Paul II introduit les mystères lumineux comme 4è mystères du rosaire
2 avril 2005 : Mort de Jean-Paul II au Vatican tandis qu’on ouvre liturgiquement la fête de la Divine Miséricorde.
27 avril 2015 : Canonisation de Saint Jean-Paul II par le pape Benoit XVI
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N’ayez pas peur !
Les mots sont d’autant plus forts qu’ils éclosent dans la bouche d’un homme qui a été séminariste sous l’occupation nazie puis jeune prêtre en pleine période de persécutions staliniennes. « Je me souviendrai toujours de son voyage de juin 1979, raconte Bernard Lecomte, auteur de la biographie Jean Paul II (Gallimard, 2003). C’était phénoménal. » Place de la Victoire à Varsovie, il lance à la tête du régime : « Nul ne peut exclure le Christ de l’Histoire de l’homme, en quelque partie du globe ! » Salve d’applaudissements. « Un homme tout seul, avec sa petite aube blanche parlait devant 1,2 millions de personnes et lui rendait confiance et enthousiasme, poursuit Bernard Lecomte. C’est difficile à mettre dans un cadre rationnel mais quand on a vu ça, on comprend que les Polonais aient fondé Solidarnosc l’année d’après. Bien sûr ce n’est pas lui, tout seul, qui a vaincu le communisme mais c’est quand même un des hommes qui auront eu la plus grande importance dans ce fait historique. »
« N’ayez pas peur ! » La formule biblique martelée par Jean Paul II s’étend à tout ce qui, dans l’Eglise de l’époque, fait l’objet de crispations : le matérialisme athée, les médias, les femmes, les jeunes, le sexe. Dans sa jeunesse, Karol Wojtyla que l’on surnomme « Lolek » a été acteur et journaliste. Il n’a jamais eu peur de s’exposer.
Jeune prêtre, il organisait des weekends à la montagne avec une bande de jeunes de la paroisse. Les discussions à bâtons rompus portaient sur tous les sujets, la vie affective, le sexe. Quelques années plus tard, il sera d’ailleurs le premier pape à oser parler de sexe en public. De septembre 1979 à novembre 1984, il donne 129 conférences sur la sexualité et le mariage, lors de ses audiences du mercredi matin place Saint-Pierre. Si sa théologie du corps fait l’objet de controverses, elle détonne car pour la première fois, un pape parler « concret ».
En Occident, l’Eglise avait perdu les jeunes. Dans les pays riches, particulièrement, les jeunes générations se détournaient de l’institution. Quand il lance les JMJ en 1984, personne n’y croit. Mais il tient bon et les jeunes sont au rendez-vous. Devant eux, il ne mâche pas ses mots, leur dit qu’il faut choisir entre le bien et le mal, qu’ils sont responsables. « Ce n’était pas un discours démago et pourtant il est passé, note Bernard Lecomte. C’est le discours d’un pape qui croit au delà de toutes les modes médiatiques et des a priori sociologiques. »
Tambour battant, il arpente le globe, fait vivre le dialogue interreligieux en organisant la première rencontre d’Assise en 1986. Il est le premier pape à se rendre à Auschwitz et à visiter une synagogue, en l’occurrence celle de Rome. En 2000, au mémorial Yad Yashem, il demande pardon pour les actes antisémites commis par des chrétiens.
Aujourd’hui, alors que des taches, comme son aveuglement face à Marcial Maciel et aux scandales de pédophilie, viennent ternir son bilan, la ferveur demeure pour toute une génération à qui il a rendu espoir. « Il a rendu espoir car incarnait l’espoir, analyse Bernard Lecomte. Son agonie a profondément marqué les esprits. Pendant des jours, des semaines, des mois, Jean Paul II qui avait passé 26 ans à expliquer qu’il n’y a rien de plus grand au monde qu’un homme, a montré qu’un homme n’était pas uniquement un homme en bonne santé. Dans un monde qui valorise complètement la jeunesse, la bonne santé, la minceur et la beauté, il répondu quelques images en donnant une beauté et une dignité à la vulnérabilité et au handicap. Ce discours était très subversif. »
Peut-être, d’ailleurs, que jamais Jean Paul II n’aura été plus grand qu’en se montrant petit.