Chaque 2 octobre marque la mémoire liturgique des saints anges gardiens. Retour sur la mission de ces ambassadeurs et protecteurs spirituels, serviteurs et messagers de Dieu placés à nos côtés, et « qui ne demandent qu’à nous écouter ».
Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Du début de l’existence au trépas, la vie humaine est entourée de leur garde et de leur intercession. Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie», affirmait saint Basile le Grand (330-379 ap. J-C.).
L’existence des anges est une vérité de foi. Définis comme des êtres purement spirituels et non corporels, ils dépassent en perfection toutes les créatures visibles, tel que l’énonce le Catéchisme de l’Église catholique.
Le Pape François s’est maintes fois exprimé sur leur existence, rappelant toute l’importance d’entretenir une relation avec son ange gardien, que le Saint-Père considère comme «une porte quotidienne vers la transcendance».
Quel rôle jouent les anges gardiens dans le combat spirituel, pourquoi est-il important de s’adresser à eux, et comment le faire? Nous avons posé la question au père Jean-Christophe Thibaut du diocèse de Metz, autrement connu sous son nom d’auteur, Michael Dor (Tétralogie La Porte des Anges, et autres romans).
– Comment se manifestent les anges gardiens dans nos existences?
Les anges gardiens se manifestent dans nos vies de façon discrète. Le propre des anges est d’être à nos côtés, pas de faire les choses à notre place.
Deux missions leur incombe: nous représenter devant le Seigneur, un peu comme des ambassadeurs spirituels, et puis, de nous protéger. Ils nous soutiennent particulièrement dans le combat spirituel, contre les forces du mal.
Ils peuvent aussi nous influencer de manière discrète, nous mettre à l’esprit un certain nombre d’attitudes positives, de soutien, qui déclenchent une espérance.
– Comment le monde angélique est-il hiérarchisé?
Dieu a créé le monde visible et invisible. Le monde angélique a été créé en même temps que la Terre; les hommes, eux, ont été créés en second. Ce sont nos frères aînés dans la Création. Ils sont des purs esprits, organisés en neuf chœurs d’anges. Il ne s’agit pas d’une organisation hiérarchique, elle est tout simplement «différente». Il y a les anges, les archanges… Parmi les anges figurent les anges gardiens, rattachés soit à un homme, une famille, ou même un pays. On connaît par exemple l’ange gardien du Portugal, qui s’est révélé aux enfants de Fatima. Il y aussi les séraphins, les chérubins… Les autres anges chantent la louange de Dieu, ils sont médiateurs entre Dieu et l’homme.
– Quel est leur rôle des anges dans la lutte entre le bien et le mal, dans le combat spirituel à l’œuvre sur Terre, et que chacun doit mener?
Ils sont en première ligne dans la mesure où le combat spirituel a commencé par eux. Les anges sont autonomes et libres, ils appartiennent au monde préternaturel avec un certain nombre de facultés. Comme l’homme avant le péché originel, ils possèdent une connaissance parfaite et totale des choses. Ils ne sont pas marqués par le temps.
Dans la connaissance qu’ils ont de Dieu, de la vérité, leur reste la liberté d’accepter ou refuser la mission qu’ils reçoivent. Un certain nombre d’entre eux donc se sont retournés à un moment contre le Créateur. Le plus connu de ces anges rebelles a été appelé diable, diabolos, – celui qui sépare – ou aussi, Satan, sheitan, qui veut dire l’adversaire – celui qui s’oppose. Ces anges déchus sont appelés les daimon, les démons. Ils essaient d’entraîner l’homme dans leur chute. Le combat des anges est donc à nos côtés de contrer cette lutte spirituelle mené contre l’homme, plus que contre Dieu d’ailleurs, pour le faire tomber, par la tentation, la peur, la séduction, la contrainte…
– Pourquoi tant de personnes, dont certaines catholiques, ont du mal à croire aux anges, et vont les réduire, au mieux à du folklore, au pire à de l’ésotérisme?
Le mot ange, angelium, est particulier. Il désigne plus une fonction, que ce qu’ils «sont». Ce sont des «esprits», comme disait saint Augustin, «des envoyés».
Il faut bien reconnaître que nous essayons souvent de se représenter les anges comme des créatures avec des ailes, de manière iconographique. Forcément à un moment, on a pensé qu’ils étaient plus mythiques, symboliques, que réels. Il y a donc une sorte de remise en cause de ce monde invisible dans notre monde contemporain. Une tendance rationnelle, influencée par le développement des sciences humaines au XXème siècle, entre autres, allant jusqu’à remettre en question les exorcismes aussi.
Parallèlement, l’ésotérisme, le New Age dans la seconde moitié du XXème siècle, a réhabilité la figure de l’ange à sa manière. C’est pourquoi il faut faire très attention aux livres sur les anges distribués dans le commerce: six sur dix sont farfelus, éloignés de la pensée biblique.
Heureusement, la position de l’Église est claire. Il n’y a qu’à lire le Catéchisme de l’Église catholique, qui reprend la question des anges de manière très précise, et réaffirme que leur existence est une vérité de foi. Ils sont présents dans notre Credo. Si l’on est croyant, l’on ne peut pas nier l’existence des anges, ni celle des anges déchus ou du diable. Tous les derniers Papes ont chacun rappelé l’importance de l’existence de l’ange. Ce n’est pas parce qu’il est discret, qu’on ne le voit pas, qu’il n’existe pas.
– Quel est le pouvoir particulier de la prière aux anges?
La prière s’adresse toujours à Dieu, mais elle est portée par les anges gardiens. Lorsque l’on prie les anges, on leur demande d’intercéder pour nous, d’être proches de nous. Une de leur fonction est de nous représenter auprès de Dieu, mais ils ont aussi cette fonction de protecteur spirituel.
Il n’y a pas de vénération particulière des anges. Il faut leur donner la possibilité d’exister et de remplir leur propre mission, s’adresser à eux, les rendre présent, car ils ne s’imposent pas. Il est important de se souvenir qu’ils sont là.
Les anges gardiens sont une grâce que Dieu nous a donné. C’est un cadeau qui nous est fait. Il faut savoir le recevoir. Parler à son ange gardien, lui confier certaines choses, le laisser être médiateur de grâces pour nous. Il est une présence, dont il faut savoir se servir.