Bibliographie de Saint Augustin
Quelques Citations de Saint Augustin
Puissé-je te connaître, toi qui me connais, te connaître comme je suis connu ! Vertu de mon âme, entre en elle et aménage-la pour toi, afin de la tenir et de la posséder sans tache ni ride ! C’est là mon espérance; Voilà pourquoi je parle, et dans cette espérance je mets ma joie quand je me réjouis d’une saine joie. Mais tous les autres biens de cette vie, plus on pleure sur eux, moins on doit les pleurer, et moins on pleure sur eux, plus on doit les pleurer.
Voici, en effet, que tu as aimé la vérité, puisque celui qui fait la vérité vient à la lumière. Je veux «faire la Vérité, dans mon cour, devant toi, par la confession, mais aussi dans mon livre, devant de nombreux témoins.
…Bien qu’Il connaisse tout en l’homme.
Pour toi sans doute, Seigneur, aux yeux de qui est à nu 6 l’abîme de la conscience humaine, qu’y aurait-il en moi qui te serait caché même si je refusais de te le confesser ? Car c’est toi qu’à moi-même je cacherais, non pas moi-même à toi. Mais à présent mon gémissement est témoin que je me déplais à moi-même; alors toi, tu resplendis et tu plais, tu es aimé et désiré, si bien que je rougis de moi et me rejette et te choisis et que, ni à toi ni à moi, je ne plais sinon par toi. Pour toi donc, Seigneur, je suis clair, quel que je sois, et le fruit de la confession que je te fais, je l’ai dit. Je ne la fais pas avec les mots de la chair et ses cris, mais avec les mots de l’âme et la clameur de la pensée, que connaît ton oreille.
Lorsqu’en effet je suis mauvais, ce n’est rien d’autre de le confesser à toi que me déplaire à moi-même et lorsque je suis bon, ce n’est rien d’autre de le confesser à toi que ne pas l’attribuer à moi-même, puisque c’est toi, Seigneur, qui bénis le juste, mais qui d’abord d’impie le rends juste.
C’est pourquoi ma confession, mon Dieu, en ta présence se fait à toi dans le silence et pas dans le silence car elle est silence de bruit, elle crie de sentiment. Je ne dis en effet rien de vrai aux hommes que de moi toi d’abord tu ne l’aies entendu, ou même tu n’entends de moi rien de pareil qu’à moi toi d’abord tu ne l’aies dit.
Devant les hommes: pas devant les curieux…
Qu’y a-t-il donc entre moi et les hommes pour qu’ils entendent mes confessions, comme si eux devaient guérir toutes mes langueurs ? Race curieuse de connaître la vie d’autrui, paresseuse à corriger la sienne ! Pourquoi cherchent-ils à entendre de moi ce que je suis, eux qui ne veulent pas entendre de toi ce qu’ils sont et comment savent-ils, à m’entendre parler moi-même de moi-même, si je dis vrai, puisqu’aussi bien nul ne sait parmi les hommes ce qui se passe dans l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui?
Mais s’ils t’entendent parler sur eux-mêmes, ils ne pourront dire: le Seigneur ment. Qu’est-ce en effet que t’entendre parler sur soi-même, sinon se connaître soi-même Et qui donc, s’il connaît, peut dire « c’est faux », à moins qu’il ne mente lui-même.
Cependant, toi, ô médecin de mon être intime, dis-moi clairement quel peut être le fruit de ce que je fais là. En effet, les confessions de mes fautes passées, que tu as remises et couvertes pour me rendre heureux en toi, en transformant mon âme par la foi et par ton sacrement, ces confessions, quand on les lit et qu’on les entend, remuent le cœur elles l’empêchent de s’endormir dans le désespoir et de dire : «je ne puis»; elles le tiennent au contraire éveillé dans l’amour de ta miséricorde et la douceur de ta grâce, car cette grâce fait la force de tout être faible qui par elle prend conscience de sa faiblesse.
Les bons prennent plaisir à entendre parler des fautes commises dans le passé par ceux qui en sont désormais libérés; s’ils y prennent plaisir, ce n’est pas parce que ce sont des fautes, mais parce qu’elles furent et ne sont plus. Quel fruit donc, mon Seigneur à qui chaque jour se confesse ma conscience, plus assurée dans l’espoir de ta miséricorde que dans son innocence, quel fruit attendre, je te prie, si je confesse aussi aux hommes devant toi par cet écrit encore, ce que je suis, non plus ce que je fus ?
De fait, le fruit de la confession du passé, je l’ai vu et je l’ai mentionné. Mais ce que je suis encore, à l’instant que voici, au moment précis de mes confessions, bien des gens aussi désirent le connaître : ils me connaissent ou ne me connaissent pas, ils ont appris des choses de moi ou sur moi, mais leur oreille n’est pas contre mon cœur, là où je suis ce que je suis. Ils veulent donc apprendre par ma confession ce que je suis moi-même, au-dedans, où ils ne peuvent diriger ni l’œil, ni l’oreille, ni l’esprit; ils le veulent, prêts à me croire malgré tout, quant à me connaître ?… et c’est la charité qui leur dit, en les rendant bons, que je ne mens pas dans mes confessions; c’est elle en eux qui me croit…
« Donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux »
« Tu nous a cherchés sans que nous te cherchions, mais tu nous as cherchés pour que nous te trouvions »
« Si tu ne chantes qu’avec la voix, il y aura des silences; tâche de faire de ta vie un chant qui ne se taise pas »
« Aime et ce que tu veux, fais le »
Traduction de E. Tréhorel et G. Bouissou