Un évènement significatif dans la vie du Christ.
La fête de la Transfiguration du Seigneur qui est célébrée chaque année le 6 août aussi bien dans les Eglises d’Orient que d’Occident relate un événement significatif majeur de la vie du Christ, événement raconté dans les trois évangiles synoptiques (Mt 17, 1-8 ; Mc 9, 2-8 ; Lc 9, 28-36) ainsi que dans la seconde lettre de Pierre (2 P 1, 16-18). Ces récits sont également lus chaque année pour le deuxième dimanche de Carême.
Cette fête est très ancienne dans l’Orient chrétien. Elle fut très tôt fixée au 6 août soit 40 jours avant la fête de la Croix Glorieuse. Au Xe siècle, elle devint même, par décision de l’empereur, fête chômée dans tout l’empire byzantin. En Occident, après avoir été longtemps fête locale, elle fut constituée fête universelle après la victoire qui stoppa l’avance turque en 1456. La date liturgique de sa célébration fut choisie d’après la pratique des Églises orientales.
Pour mieux entrer dans cette fête de la Transfiguration, nous pouvons lire de plus près l’épisode se trouvant chez Matthieu :
« Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le !’ » Mt 17, 1-5
Ce récit intervient quelques jours après la profession de foi de Pierre à Césarée (Mt 16, 15), l’annonce par Jésus de la primauté de Pierre et, immédiatement après, la première annonce de la passion et résurrection du Seigneur. Pierre ne peut le supporter : « Non cela ne t’arrivera point ! » dit-il à Jésus (16, 22). Jésus lui répond alors: « Derrière moi Satan ! » et s’ensuit un discours sur l’exigence à être disciple.
C’est donc dans ce contexte d’annonce de sa passion que Jésus prend trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean pour les emmener sur une haute montagne et leur faire vivre cette expérience de transfiguration. Ce seront les mêmes disciples qui seront présents avec lui à Gethsémani.
Etymologiquement, le terme de transfiguration provient de la traduction latine du terme grec metamorphosis, signifiant métamorphose. Il renvoie ainsi à un changement d’apparence corporelle, comme une métamorphose. La transfiguration de Jésus est le moment où le Christ révèle sa nature divine à ses disciples.
Dans la transfiguration de Jésus nous pouvons également entrevoir une anticipation de sa résurrection. En effet, le vêtement blanc préfigure la résurrection, c’est le même terme qui est employé en Mt 28, au moment de la résurrection du Seigneur, lorsqu’un ange descend du ciel et vient rouler la pierre : « il avait l’aspect de l’éclair et son vêtement était blanc comme neige » (28, 3)
.
Moïse et Elie représentent la Loi et les Prophètes, nous pourrions dire qu’en eux se résume tout l’Ancien Testament, et le Christ s’entretenant avec eux est celui qui accomplit les Ecritures. Moïse et Elie ont également fait l’expérience de la révélation de Dieu sur une haute montagne. Sur la montagne, Moïse a reçu la révélation du Dieu de l’Alliance (Ex 19 ; Ex 33-34), sur cette même montagne Dieu s’est révélé à Elie dans le souffle d’une brise légère. (1 R 19).
La nuée lumineuse nous renvoie à la nuée dans l’Exode qui accompagne le peuple d’Israel dans la sortie d’Egypte, la traversée de la mer rouge ; nuée également présente au moment de l’Alliance et de la théophanie au Sinai en Ex 19-24. La nuée protège, guide, cache et révèle en même temps la présence de Dieu. Elle est aussi le lieu de la gloire de Dieu qui remplit la tente de la rencontre au désert (Ex 40, 34) ainsi que le temple nouvellement construit par Salomon à Jérusalem ( 1 R 8, 10).
Dans l’évangile la nuée recouvre Pierre, Jacques et Jean de son ombre, On pourrait dire que Pierre, Jacques et Jean sont une préfiguration de l’Eglise qui est le temple nouveau de la présence de Dieu parmi nous.
La voix du Père confirme la révélation qu’a reçue Pierre à Césarée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ». Il s’agit quasiment de la même parole entendue par Jésus au moment de son baptême (Mt 3, 17). Un verbe a toutefois été rajouté : « écoutez-le ». Or Jésus vient d’annoncer sa passion et c’est une parole difficile à écouter comme Pierre a pu en faire l’expérience. Dans cette révélation, le Père veut que les disciples «voient» pour les aider à accueillir les paroles que Jésus vient de prononcer concernant sa montée à Jérusalem, sa souffrance, sa mort et sa résurrection.
En guise de synthèse, nous voyons que cette révélation est accordée aux disciples pour affermir leur foi avant la passion. C’est ce que mentionne la préface liturgique de cette fête :
« Car il a montré sa gloire aux témoins qu’il avait choisis, le jour où son corps semblable au nôtre fut revêtu d’une grande lumière; il préparait ainsi le coeur de ses disciples à surmonter le scandale de la croix, il laissait transparaître en sa chair la clarté dont resplendira le corps de son Église. »
Cette fête laisse aussi présager de la finalité de nos vies, car en tant que membres du Corps du Christ nous serons également un jour dans la gloire avec lui.
Telle est la prière d’ouverture de la fête de la Transfiguration :
« Seigneur, dans la transfiguration de ton Christ, tu as confirmé par le témoignage de Moïse et d’Élie la vérité des mystères de la foi, et tu as annoncé notre merveilleuse adoption; Accorde-nous d’écouter la voix de ton Fils bien-aimé, afin de pouvoir un jour partager avec lui son héritage. »