Le Pape François préside la Vigile pascale en la Basilique Saint Pierre ce samedi soir. Lors de son homélie, le Successeur de Pierre a invité les chrétiens ne pas sombrer dans la résignation, à ne pas enterrer l’espérance mais à toujours «chercher le Vivant, avant tout et en toute chose».
Le message du Pape est centré sur la question de l’Ange adressée aux saintes femmes s’en allant porter les aromates: «Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?»
Pierres de la méfiance et du péché
Leur chemin ressemble à notre chemin, a d’emblée affirmé le Pape; leur inquiétude de trouver la pierre barrant l’entrée du tombeau fait écho au sentiment de découragement et de frustration que nous pouvons éprouver dans notre vie, face à l’échec. Mais il serait faux de croire que «l’histoire humaine (…) finit (…) devant une pierre tombale». Car le Christ est ressuscité; c’est Lui la «pierre vivante» sur laquelle nous fondons notre espérance. En cette fête de Pâques, «fête de l’enlèvement des pierres», «Il vient faire toute chose nouvelle, renverser nos déceptions», ôter «du cœur les pierres les plus lourdes». Le Pape en distingue deux sortes.
Tout d’abord la «pierre de la méfiance»: lorsqu’on cède au pessimisme, qu’on finit par croire que «la mort est plus forte que la vie», jusqu’à en devenir «cyniques et moqueurs», «porteurs d’un découragement malsain». C’est ainsi que nous édifions «un tombeau de l’espérance» où prospèrent les plaintes et que nous développons une «psychologie de tombeau». Surgit alors la question «cinglante» de Pâques, que pose l’Ange aux femmes craintives: «Pourquoi cherchez- vous le Vivant parmi les morts ?». En effet, «le Seigneur n’habite pas dans la résignation» et il est vain de le chercher là où Il ne peut se trouver, insiste le Pape avant de lancer cet appel à chaque fidèle: «n’enterre pas l’espérance !»
Il y a ensuite la «pierre du péché». Son pouvoir de séduction est immense mais sous couvert de promesses clinquantes, il se révèle illusoire et vide, avertit le Souverain Pontife. «Le péché, dit-il, c’est chercher la vie parmi les morts, le sens de la vie dans les choses qui passent». Au péché qui entrave l’entrée du cœur comme la pierre du tombeau, il faut préférer la lumière de Jésus ressuscité; il faut vivre pour Lui, et non pour les «vanités mondaines».
L’amour du Christ ne change pas
Le Pape poursuit sa méditation en évoquant de nouveau les femmes myrrhophores, apeurées devant l’Ange et n’osant lever les yeux vers lui. Cette attitude rappelle celle qui peut être la nôtre, lorsque «nous préférons rester prostrés dans nos limites», cela parce qu’il est «plus facile de rester seuls dans les pièces obscures de notre cœur que de nous ouvrir au Seigneur», analyse le Pape. Et pourtant, Lui seul relève, et Il nous appelle justement à nous lever, «à regarder vers le Haut et à croire que nous sommes faits pour le Ciel (…) pour les hauteurs de la vie non pour les bassesses de la mort». Il nous demande de regarder la vie comme Il le fait, «Lui qui voit toujours en chacun de nous un foyer irrésistible de beauté». Il n’y a rien à craindre, car le Seigneur «aime cette vie qui est la tienne, même quand tu as peur de la regarder et de la prendre en main».
A Pâques, continue le Pape, Dieu montre à chacun combien Il l’aime, jusqu’à descendre dans les affres de la mort et d’en remonter victorieux. Avec Lui, nous sommes invités à accomplir le passage (Pâques) «de la fermeture à la communion, de la désolation à la consolation, de la peur à la confiance». De là l’invitation de François à lever les yeux à notre tour pour regarder le Ressuscité dont l’amour ne change pas et à se poser une question: «Est-ce que je contemple des milieux sépulcraux ou est-ce que je cherche le Vivant ?».
Revenir en Galilée
Les femmes avaient perdu l’espérance car elles avaient oublié les paroles et la mémoire vivante de Jésus en Galilée. L’Ange les exhorte à s’en souvenir. De même, notre foi «a besoin de revenir en Galilée», de retourner à la source du premier amour. Ce recentrage est essentiel, «autrement on a une foi de musée, non pas la foi pascale». Or, Jésus n’appartient pas au passé, Il est «une personne vivante», qu’on rencontre dans notre vie, pas dans les livres.
A l’instar des femmes qui quittent le tombeau, le croyant est appelé à «marcher à la rencontre du Vivant». Or, bien souvent, nous nous dirigeons vers nos problèmes et nous nous tournons ensuite vers le Seigneur seulement «pour qu’Il nous aide», courant ainsi le risque de laisser nos besoins, et non le Christ, nous orienter. «Combien de fois, a déploré le Pape, retournons-nous parmi les morts, sans laisser le Ressuscité nous transformer ?». Et de conclure en appelant à donner au Vivant «une place centrale dans notre vie», à demander la grâce «de ne pas se briser sur les pierres du péché et sur les écueils de la méfiance et de la peur». «Cherchons-Le, Lui, en toute chose et avant tout. Avec lui, nous ressusciterons».