Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

En mémoire du Père Picard





116ème anniversaire de la naissance au ciel

En mémoire de notre Père François Picard en ce 116ème anniversaire de sa naissance au ciel, recevons ce beau texte de son enseignement.
Il s’agit d’une instruction livrée par le Père Picard au noviciat des Oblates le 3 mars 1890. Ce texte n’est pas différent de l’enseignement qu’il continuera à donner ensuite aux premières Orantes, six ou sept ans plus tard. Laissons le nous inspirer pour le concret de nos vies et de leur unification par l’évangile, le sens apostolique et la prière continue en toutes circonstances.

Sr Anne H., Supérieure Générale, 16 avril 2019

Instruction du Père François Picard aux Oblates, mars 1890 

Vous cherchez tous les jours de nouveaux livres pour nourrir votre piété ; connaissez-vous votre Évangile ? L’avez-vous lu tout entier ? C’est un devoir pour une Oblate de l’Assomption. Lorsque vous avez un instant, prenez-vous tout de suite votre Évangile, qui est l’histoire de Celui que vous allez adorer… Connaissez-vous votre Évangile ?

Il y a certains livres que l’on donne dans les communautés religieuses qui, sous prétexte de nourrir la piété, la délayent. Livres fades, sans force, sans vigueur, dans lesquels on trouve quelques petites pensées délayées à un cent millionième [1 / 100 000 000] ; on les aime, on s’en nourrit, on s’en amuse, on s’en sert comme de distractions.

L’Évangile n’est pas le livre des distractions, c’est le livre vivant ; en lui on est toujours sûr de trouver la force, la nourriture… Pour comprendre la vie religieuse, il faut essayer de bien comprendre l’Évangile en le lisant et le méditant sans cesse, votre Congrégation étant basée sur l’Évangile. Et plus tard, quand vous irez au milieu des infidèles ou parmi les enfants pauvres et près des malades, ayez la doctrine évangélique ; lisez de temps en temps un verset de l’Évangile, vous y trouverez la nourriture substantielle pour votre âme et la parole qu’il faut pour consoler et soutenir les autres âmes.

L’apostolat. – Il faut accepter l’Évangile. L’Apôtre [Saint Paul] disait : « Remplis ton ministère d’évangéliste. » [Mais toi, en toute chose garde la mesure, supporte la souffrance, fais ton travail d’évangélisateur, accomplis jusqu’au bout ton ministère], 2 Tim 4,5. Les apôtres ne sont pas autre chose que les porteurs de l’Évangile, et comme l’Évangile est l’histoire de la vie, la vie même, il ne faut pas la garder pour soi, il faut la répandre… Il y a un travail pour se l’assimiler par la méditation, un travail pour la répandre par la prédication. Tout homme qui veut se montrer vraiment chrétien a le devoir d’être apôtre… On peut être apôtre partout. Ici, vous devez être apôtres les unes vis-à-vis des autres… Notre Seigneur veut trouver des apôtres de son Évangile qui portent partout sa vie…

L’apostolat exige la prière et le travail… Vous pouvez être apôtres en donnant l’exemple de la régularité, dans votre petit cloître en vous édifiant les unes les autres…

La prière. – Être apôtre, c’est posséder l’Évangile, c’est être animé d’une grande vie, par conséquent avoir une immense grâce. Cette grâce, cette mission, cette force, ce n’est pas en nous que nous les trouvons, il faut que nous les demandions. Pas d’apôtres, pas de religieuses, pas même de chrétiens sans la prière.

Dès le matin il faut prier ; pendant le cours de la journée il faut prier, et jusqu’au soir il faut prier ; il faut même que notre sommeil soit une prière, c’est l’Apôtre qui nous le dit : « Priez sans cesse, ne discontinuez jamais de prier » [Priez sans relâche], 1 Th 5,17… Saint Paul courrait à travers le monde, gagnait sa vie par le travail des mains, faisant des tentes, et malgré cela, il dit à tous les chrétiens : « Priez sans interruption, ne discontinuez jamais de prier ». C’est une preuve qu’on peut toujours prier, et qu’on a toujours le temps de prier et de beaucoup prier ; seulement il faut savoir prier et vouloir prier.

On veut prier, mais pas comme le désire l’Apôtre [Saint Paul] et comme on doit prier ; on acceptera de dire des patenôtres [Notre Père] en quantité, de remuer les lèvres, de rester à genoux, mais la prière de l’esprit, la prière de la volonté qui demande un sacrifice perpétuel et n’est autre que l’élévation de l’âme, la prière que nous pouvons avoir constamment et qui saisit l’homme tout entier, nous en avons peur. Nous ne voulons pas prier, parce que la prière est le sacrifice entier de la personne qui s’unit à Dieu ; et comme pour qu’il y ait union il faut qu’il y ait parfaite adhésion entre Dieu et l’âme, nous ne voulons pas entrer dans l’absolu anéantissement de la créature qui permet à Dieu de demeurer dans cette créature et de lui donner ses pensées, sa vie, son action, son amour.

Il faut que l’homme soit une prière vivante, de même que Jésus a été pendant sa vie une prière vivante ; et l’Apôtre, en nous demandant de prier toujours, nous demande la chose la plus simple. Vous vous levez, offrez votre cœur, c’est une prière ; vous avez des difficultés, demandez de les vaincre, c’est une prière ; vous rencontrez des sacrifices, vous les acceptez, c’est une prière ; vous offrez votre travail, c’est une prière. Vous devez prier vingt-quatre heures, et si vous ne priez que vingt trois heures trois quarts, vous dérobez un quart d’heure au bon Dieu.Ce sermon est dur, n’est-ce pas ? Qui est-ce qui prie 24h par jour ? 12 heures ? Qui prie une heure parfaitement dans la journée ? Au fond, qu’est-ce qu’un saint ? C’est un homme de prière. Une grande sainte est une âme d’oraison.  3 mars 1890. Instruction du Père François Picard au noviciat des Oblates de l’Assomption. Tome 1er, p 51… 56.

Quelques pensées du Père Picard