Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Une vie enracinée dans l’Évangile à travers la spiritualité augustinienne

A l’occasion de la fête de Saint Augustin, sr Marie-Jeanne T. exhorte les Orantes à enraciner davantage leur vie dans l’évangile à travers la spiritualité de Saint Augustin notre maître spirituel.
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Saint Augustin

Nous célébrons la solennité de Saint Augustin. C’est une occasion de revisiter l’héritage spirituel qu’il nous a légué à travers ses écrits. La Règle de saint Augustin commence par une prescription qui invite à l’unité dans la charité.

« De cette prescription découle une série de préceptes qui permettent d’être tournés ensemble vers Dieu et d’être ainsi, des amants de la beauté spirituelle. La Règle est donc d’abord un itinéraire spirituel incarné. Elle nous rappelle qu’être tournés ensemble vers Dieu induit un certain nombre de comportements pratiques. Elle valorise en outre la dimension de l’intériorité, point central de la spiritualité augustinienne« .

Règle de Saint Augustin, L’unité dans la charité

Dans son parcours spirituel, son chemin d’intériorité a permis à saint Augustin de quitter le matérialisme des Manichéens et de dépasser sa propre imagination.

La découverte du Verbe fait chair l’a amené à réviser sa manière de concevoir la réalité extérieure. C’est en accueillant le Verbe fait chair que l’homme retrouve l’aptitude à écouter le Verbe intérieur. C’est dans ce sens qu’Augustin écrit : « Ne te borne pas à la surface ; descends en toi-même, pénètre jusque dans l’intérieur de ton cœur. Reviens à ton cœur et de là va à Dieu. Le chemin sera court si tu commences par revenir à ton cœur« , Sermon 52,15.

Le cœur est le lieu de l’intériorité où on peut se retirer, se reposer, réfléchir, faire silence et prier. En se retirant, l’homme revient en son cœur, et de là il revient à Dieu. Nous lisons dans l’Évangile : « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra« , Mt 6,6.

Pour laisser Dieu nous conduire à travers les événements de notre vie, nous avons besoin d’entrer dans le silence de l’écoute. C’est le premier mot de la règle de saint Benoît : « Ascolta, o filio« , « Écoute, mon fils« . Apprends à te taire. « Que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère« , Jc 1, 19.

Plus qu’un exercice à faire, la prière est une expérience de foi à vivre de l’intérieur, un chemin d’amour à parcourir au plus profond du cœur. Qu’elle soit vocale ou silencieuse, la prière est en lien avec notre vie. Pour Thérèse de Lisieux, la prière est « un élan du cœur, un simple regard jeté vers le Ciel, un cri de reconnaissance et d’amour, quelque chose de grand, de surnaturel qui dilate l’âme et unit à Jésus ».

Nous n’y pensons peut-être pas assez ; nous vivons parfois trop à la surface et pas assez en profondeur. Pourtant, c’est de l’intérieur de notre cœur que nous pouvons entendre ou percevoir la vérité de ce que nous sommes et l’état de notre union avec le Seigneur.

Saint Augustin invite à la voie de l’intériorité et donne ce conseil : « Interroge ton cœur : si tu y trouves l’amour de ton frère, sois en paix« . Dans cette voie, il nous demande de voir avec quel esprit nous agissons et quelle intention inspire nos actes. L’Esprit Saint est notre Maître intérieur. Le fait d’interroger notre conscience prouve qu’il est présent en nous.

La vie intérieure est cet espace intime où peuvent se bousculer tant d’aspirations humaines et divines, et aussi des peurs de se retrouver face à soi-même et des craintes que la rencontre avec Dieu exige une conversion de notre part. Cette vie divine en nous n’en est pas moins comme une source « d’eau vive » qui ne demande qu’à jaillir des profondeurs de notre cœur.

Quand nous constatons qu’elle est si facilement fermée par tant d’éléments extérieurs qu’elle ne peut plus couler dans notre âme, il s’agit d’entrer avec confiance dans une espérance concrète que l’eau de la grâce est bien là au fond de nous et qu’il nous faut aller à sa recherche en osant creuser inlassablement dans notre âme cette présence divine.

Pour nous renouveler, lisons la Règle de saint Augustin dans notre Règle de vie pages 13-29.

Belle fête de Saint Augustin à tous !

Sœur Marie-Jeanne MASIKA TASIVIWE, Supérieur générale