Désir et la prière
0. Désir et prière chez saint Augustin
La vie de saint Augustin peut être reprise comme « une icône
du désir ». Avant sa conversion, son désir était inépuisablement charnel.
Ce désir devint ensuite passionnément insatiable envers Dieu après sa conversion. En lisant son chef-d’œuvre, les Confessions, nous trouvons
facilement les deux tendances. Comme un pendule, sa vie a oscillé entre les deux extrêmes du désir.
Dans sa jeunesse troublée, il raconte dans les Confessions combien il était tombé dans la poursuite des plaisirs de la chair.
Après sa conversion, son cœur a été rempli par le désir de Dieu.
Que l’on se retrouve en situation de richesse ou de pauvreté, volontaire ou involontaire, nous sommes tous concernés.
La prière est une expérience où le désir rassemble l’homme et
Dieu. Le mouvement de la personne qui prie monte à Dieu en quête d’une réponse de combler le désir de son cœur. Dieu est le but du désir humain et ce désir ne peut être atteint que par la prière. Citant le Psaume 118,81, saint
Augustin voit se désir comme le souffle d’un désir de salut qui maintient tous les membres du corps unis et vivants.
Dans le deuxième paragraphe de sa Règle, Augustin invite les membres de la communauté à vivre d’un seul cœur, d’une seule âme, orientés vers Dieu. Cette orientation à Dieu fait que le cœur ne désire rien d’autre que Dieu ou les « choses de Dieu » Quand l’amour est perpétuel, ce désir d’aimer rend la prière irrésistible.
Dieu se donne à celui qui l’aime et le désire (Ps 55,10). « Mon cœur te dit : j’ai cherché ton visage, ton visage, Seigneur, je le chercherai. Ne détourne pas de moi ta face ; ne t’éloigne pas de ton serviteur dans ta colère » .
1. Prier c’est désirer
« Ton désir, c’est ta prière Que ton désir soit devant Lui, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra.Ton désir, c’est ta prière; si ton désir est continuel, ta prière est continuelle.Aussi n’est-ce pas pour rien que l’Apôtre a dit: «priez sans cesse».
(…) Il est dans l’âme une autre prière, intérieure celle-là et qui n’a pas de cesse, c’est le désir. Si tu veux ne pas cesser de prier, ne cesse pas non plus de désirer. Ton désir continuel sera ta voix continuelle. Tu tomberas dans le mutisme, si tu laisses retomber ton amour. Le refroidissement de la charité, c’est le mutisme du cœur; la flamme de la charité, c’est le cri du cœur. Si la charité demeure sans cesse, sans cesse aussi tu cries; si tu cries sans cesse, sans cesse aussi tu désires.
2. Que notre désir s’excite par la prière
« Il peut paraître étonnant que Celui qui nous exhorte à prier (…) soit Celui-là même qui sait ce qui nous est nécessaire avant que nous le Lui demandions. Alors, pourquoi Dieu fait-Il cela ? Nous pourrions nous en inquiéter, si nous ne comprenions pas que le Seigneur notre Dieu n’attend certes pas que nous Lui apprenions ce que nous voulons, qu’Il ne peut ignorer. Mais Il veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’Il s’apprête à nous donner. Car ce que Dieu nous réserve est très grand, tandis que nous sommes petits et de pauvre capacité pour le recevoir. Voilà pourquoi il nous a été dit : Dilatez-vous » (Lettre 130, à Proba).
« Ton désir c’est ta prière«
Si tu veux prier sans cesse, ne cesse jamais de désirer
3. Prier car tout dépend de Dieu
« Prie car tout dépend de Dieu, mais agis comme si tout dépendait de toi. Fais ce que tu peux, demande ce que tu ne peux pas, et Dieu t’aidera afin que tu puisses le faire. »
4. Mali, Mala, Male : Bonni, Bene, Bonna
« Si nos prières sont parfois non exaucées, c’est que nous demandons aut mali, aut male, aut mala : aut mali, en étant mauvais, et pas assez préparés pour demander ; aut male, nous demandons mal, d’une mauvaise manière, avec peu de foi ou sans persévérance, ou avec peu d’humilité ; aut mala, nous demandons des choses mauvaises, ou qui, pour une raison ou une autre, ne nous conviendront pas » (La Cité de Dieu, 20, 22).
5. Union de cœur avec Dieu
« Non, ce n’est pas avec les yeux, mais avec le cœur qu’il nous faut chercher Dieu. Mais, de même que, pour voir notre soleil, nous purifions les yeux de notre corps, grâce auxquels nous pouvons voir la lumière, de même si nous voulons voir Dieu, purifions les yeux qui nous permettent de le voir ».
« Vous êtes la vie des âmes, la vie des vies. Vous êtes au-dedans de moi, plus profondément que mon âme la plus profonde. Où étais-je, moi, quand je te cherchais ? Toi Seigneur, tu étais devant moi ; mais moi j’étais parti loin de moi et ne trouvais plus moi-même, moins encore, ô combien, toi-même !Tu étais au-dedans et moi dehors et c’est là que je te cherchais. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi. Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi. »
Prier sans cesse !
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Pour aller plus loin, on peut découvrir un commentaire, dans Itinéraire Augustinien, sur « Désir et Prière » chez Saint Augustin, par Père Waweru Gichuki, Augustin de l’Assomption.