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Le message du Pape François pour la Journée mondiale de la Paix, célébrée le 1er janvier 2020. Dans ce texte intitulé “La paix, chemin d’espérance: dialogue, réconciliation et conversion écologique”, le Saint-Père donne des pistes pour parvenir à la paix. Celle-ci est possible à condition de l’espérer et d’ouvrir son cœur à des relations fraternelles et respectueuses.
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Contre une paix illusoire, fondée sur la méfiance et la peur de l’autre
Il évoque alors les nombreuses formes de violences qui déchirent actuellement l’humanité. «Toute guerre, en réalité, est un fratricide qui détruit le projet même de fraternité inscrit dans la vocation de la famille humaine», fait remarquer le Souverain Pontife. La guerre, rappelle-t-il, naît «de l’égoïsme et de l’orgueil, de la haine qui pousse à détruire, à renfermer l’autre dans une vision négative, à l’exclure et à le faire disparaître». Le monde connaît un paradoxe en cherchant à garantir la paix «sur la base d’une fausse sécurité soutenue par une mentalité de crainte et de méfiance».
Ce climat de peur renforce «la fragilité des rapports et le risque de violence, dans un cercle vicieux qui ne conduira jamais à une relation de paix». «En ce sens, la dissuasion nucléaire ne peut que créer une sécurité illusoire», dénonce le Pape, après avoir évoqué son récent voyage au Japon. À nouveau, le Saint-Père s’oppose fermement à l’arme nucléaire, expliquant que «nous ne pouvons pas prétendre maintenir la stabilité mondiale par la peur de l’anéantissement, dans un équilibre plus que jamais instable, suspendu au bord du gouffre nucléaire et enfermé dans les murs de l’indifférence».
Pour briser cette dynamique de la défiance, il faut «poursuivre une fraternité réelle, basée sur la commune origine divine et exercée dans le dialogue et la confiance réciproques». Et cela est possible car le «désir de paix est profondément inscrit dans le cœur de l’homme». L’espérance, quant à elle, «donne des ailes pour aller de l’avant, même quand les obstacles semblent insurmontables».
Parvenir à la paix, un processus long et nourri par la fraternité
Le Saint-Père parle ensuite de la paix comme d’un «chemin d’écoute basé sur la mémoire, sur la solidarité et sur la fraternité». La mémoire est le «service indispensable» rendu par les générations anciennes pour éviter de reproduite les erreurs du passé, elle est aussi l’«horizon de l’espérance»: «dans l’obscurité des guerres et des conflits, même le rappel d’un petit geste de solidarité reçu peut inspirer des choix courageux et même héroïques».
Mais le «complexe» chemin de la paix fait avant tout appel «à la conscience morale et à la volonté personnelle et politique». «Le monde n’a pas besoin de paroles creuses, mais de témoins convaincus, d’artisans de paix ouverts au dialogue sans exclusions ni manipulations», estime François, qui appelle à chercher la vérité «au-delà des idéologies et des opinions diverses». Par le dialogue et l’écoute, «la connaissance et l’estime de l’autre peuvent se développer jusqu’à reconnaître, dans l’ennemi, le visage d’un frère».
Le processus de paix est aussi «un engagement qui dure dans le temps», et qui ouvre peu à peu «à une espérance commune plus forte que la vengeance». Le Saint-Père développe alors le rôle de la démocratie, qui peut être un «paradigme significatif de ce processus». Il met également en garde contre les sociétés fracturées, où «l’accroissement des inégalités sociales et le refus d’utiliser les instruments en vue d’un développement humain intégral mettent en péril la poursuite du bien commun». L’Église participe au service de ce bien commun, à travers «la transmission des valeurs chrétiennes, l’enseignement moral et les œuvres sociales et éducatives».
Trouver la force de pardonner
Dans une troisième partie de ce message, le Pape donne en exemple la Bible, où de nombreux passages montrent que «l’autre ne doit jamais être enfermé dans ce qu’il a pu dire ou faire, mais il doit être considéré selon la promesse qu’il porte en lui». L’Écriture Sainte nous invite au respect, au pardon, à la réconciliation, attitudes permettant de «rompre la spirale de la vengeance et [d’] entreprendre le chemin de l’espérance». «Apprendre à vivre le pardon fait grandir notre capacité à devenir des femmes et des hommes de paix», peut-on lire. Le Saint-Père invite à une communion fraternelle s’inscrivant dans chaque domaine de l’existence, social, économique et politique. «Il n’y aura jamais de vraie paix tant que nous ne serons pas capables de construire un système économique plus juste», écrit-il avant de citer un passage de l’Encyclique de son prédécesseur, Caritas in veritate. Le Pape François s’attache alors à présenter la paix comme un «chemin de conversion écologique».
De nouvelles relations entre les hommes et avec la terre
Cette quatrième partie s’ouvre par une référence au Synode sur l’Amazonie, qui appelle «à une relation pacifique entre les communautés et la terre, entre le présent et la mémoire, entre les expériences et les espérances». Le Pape invite à nouveau à cesser l’exploitation abusive des ressources, à s’ouvrir «à la rencontre avec l’autre et à l’accueil du don de la création qui reflète la beauté et la sagesse de son Auteur». De cette attitude découle «une nouvelle manière d’habiter la maison commune, d’être présents les uns aux autres». Cette conversion écologique conduit «à avoir un nouveau regard sur la vie», et elle doit «être comprise de manière intégrale», en transformant toutes les relations de l’homme avec ce (et ceux) qui l’entoure. Pour un chrétien, il s’agit donc de «laisser jaillir toutes les conséquences de la rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde» (Laudato Si’).
Recevoir le pardon du Seigneur pour devenir artisan de paix
Dans la dernière partie de ce texte dense, le Pape revient au thème qui l’avait ouvert: l’espérance. «On n’obtient pas la paix si on ne l’espère pas», souligne François, qui désigne la patience et la confiance comme soutiens. «Il s’agit avant tout de croire en la possibilité de la paix, de croire que l’autre a le même besoin de paix que nous. En cela, l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous peut nous inspirer, un amour libérateur, sans limite, gratuit, inlassable», poursuit-il. Le Saint-Père invite à dépasser les «craintes humaines», à opter pour une «culture de la rencontre» et non pour «la culture de la menace». Ainsi, toute rencontre devient «une possibilité et un don de l’amour généreux de Dieu». Elle vise «à vivre la fraternité universelle comme enfants de l’unique Père céleste».
Aux chrétiens, le Pape indique le sacrement de la Réconciliation, qui incite à abandonner toute violence et à garder les yeux tournés vers le Seigneur, venu tout réconcilier par sa mort sur la Croix (Col 1, 20). Le pardon reçu du Christ nous met en chemin «afin de l’offrir aux hommes et aux femmes de notre temps». L’Esprit Saint nous inspire «pour que nous devenions des artisans de justice et de paix».
François conclut son message en invoquant Marie, qui sera fêtée le 1er janvier prochain, comme chaque année, en la Solennité de la Sainte Mère de Dieu. Il souhaite aussi que «toute personne venant en ce monde puisse connaître une existence paisible et développer pleinement la promesse d’amour et de vie qu’elle porte en elle».