Attendre et accueillir
Avent, Carême. Deux temps de grâce et de miséricorde, marqués par l’attente et l’espérance. Cependant, l’espérance de Noël et celle de Pâques vibrent différemment dans nos cœurs : fraîcheur et joie du printemps pour attendre la réalisation de la Promesse ; ardeur de l’été pour en célébrer l’accomplissement glorieux. Toute l’histoire de l’alliance de Dieu avec les hommes se déroule entre ces deux événements.
L’Avent nous invite à revivre, avec les prophètes, avec Jean Baptiste et la Vierge Marie, le long désir, la longue attente, du peuple de Dieu : « Ah ! Si tu déchirais les Cieux et si tu descendais… » (Is 63) ; « Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel, Dieu avec nous… (Es 7) ; « Et toi, Bethléem, de toi sortira pour moi celui qui doit guider Israël » (Za 9).
L’avenir est ouvert, l’espérance peut éclore, comme les bourgeons au printemps. Jean-Baptiste annonce alors l’imminence de la venue du Messie : « Préparez les chemins du Seigneur, rendez droits ses sentiers » (Lc 1) ; « Il vient celui qui est plus fort que moi… il vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu » (Lc 1).
Imprégnée du désir et de l’attente de son peuple, comblée de « la faveur de Dieu », comment la Vierge Marie pouvait-elle refuser d’être l’humble intermédiaire de la promesse enfin réalisée ? Comment pouvait-elle ne pas s’offrir tout entière à l’Amour qui allait sauver le monde ? Et le miracle s’accomplit : « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple. Aujourd’hui vous est né un Sauveur… Allez jusqu’à Bethléem et vous trouverez un enfant emmailloté de linges et couché dans une mangeoire » (Lc 2). La tige de Jessé a fleuri… Le printemps peut chanter dans les cœurs.
Deux mille ans ont passé. L’Avent s’annonce. Le vivrons-nous avec la même fraîcheur, avec la même ardeur que le peuple de Dieu autrefois ? Est-ce vraiment l’espérance du printemps dans notre monde tourmenté, inquiet, en quête de sens ? Les bourgeons du désir et de l’attente du Sauveur ne risquent-ils pas d’être étouffés par les parasites des préoccupations uniquement matérielles : plaisir, richesse, confort, belle situation, pour les uns ; pauvreté, injustice, rejet, violence, pour les autres ?
Cette réalité ne doit pas nous troubler. Elle nous invite à la transcender par l’attente plus fidèle, le désir plus profond, l’accueil plus aimant de la présence de Jésus en nous. Pour continuer à naître dans le monde, Jésus veut vivre à travers nous tous les signes de son Incarnation, de la fragilité de l’enfance à la puissance de la Résurrection, en passant par la croix… Il veut sauver, guérir, consoler, pardonner, révéler l’amour infini de Dieu, son Père.
Puissions-nous devenir comme lui, ami des pauvres et des petits, soutien des mal-aimés, défenseur des rejetés, sourire et douceur pour toute douleur. Alors… ce sera vraiment le printemps, ce sera vraiment Noël !
Marie-Louise Pire, Fille de la Sagesse
.