Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Editorial Info-Ora : « Soyez Saintes et Joyeuses »

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Soyez Saintes et Joyeuses

Nous connaissons bien cette exhortation fréquente du Père François Picard aux Orantes dans les premiers temps de notre fondation. A notre tour, nous répétons cette petite phrase, mais la vivons-nous véritablement comme une interpellation et un motif conducteur de nos vies (leitmotiv) ? En avons-nous creusé le sens et les chemins ?

À l’occasion de la sortie d’un nouveau livre basé sur les écrits du Père Picard,  je vous invite à faire de tels approfondissements de sens et à mieux nous approprier le message de nos fondateurs. Généralement nous le savons, leurs vies données et consacrées passent par le sacrifice et l’épreuve. Ils nous invitent à vivre ceux-ci sans peur quand ils se présentent. Cela peut nous paraître bien difficile et nous impressionner au point de nous faire repousser de tels comportements courageux ou paroles dérangeantes comme étant trop « doloristes » ou pour un autre temps… Au lieu de nous laisser interpeller dans l’aujourd’hui, nous serons alors tentées de refermer ces écrits destinés pourtant à nous former. Le faire par facilité serait « jeter » le tout… et ne pas soupçonner les perles qui nous échappent. Avons-nous remarqué par exemple combien les exhortations et générosités de nos fondateurs sont aussi marquées de joie ?

Le véritable don de soi est marqué de joie.

Dans son exhortation sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, le pape François invite à un don de soi joyeux. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse ! M t. 5, 12. A ceux que rebutent les difficultés, il oppose la joie inaltérable de l’évangile. Il en donne lui-même l’exemple et constate par ailleurs qu’il ne peut y avoir de vie réellement consacrée qui ne soit joyeuse.

Mère Teresa de Calcuta et de nombreux autres saints nous disent la joie du don. St. François d’Assise nous parle de la joie parfaite qui n’hésite pas à traverser les difficultés, humiliations et dépouillements pourvu que ce soit avec et pour le Christ, avec sa grâce…

Sainte Thérèse ne voulait pas de mélancolie, mais une grande simplicité, une franche gaîté dit M. Isabelle et elle poursuit : Si chaque Sœur avait en vue la joie, la gaieté des autres, elle trouverait en cet exercice un nouveau moyen de charité en s’oubliant et en réjouissant les autres; elle écouterait ce que disent les autres, mettrait son mot en temps et lieu, et l’on penserait ainsi que chacune ne parle pas pour soi.

Nous approchons de la belle et grande fête de l’Assomption ~ il faut la fêter avec un vrai sentiment de joie et de bonheur. La fête de l’Exaltation de la Croix est [aussi] accompagnée de joie, il ne faut pas pleurer, mais être joyeuses… Appliquons-nous à être toujours joyeuses… Souvent quand il arrive de grandes douleurs l’âme est soulevée par la grâce intérieure, il y a une certaine joie [car] Dieu soutient! Mais Il nous laisse porter le poids des petites croix ; et combien souvent on se montre lâche dans les petites peines, les petits désagréments; on ferait bien tel emploi s’il ne s’y trouvait telle chose, telle sœur, tel écueil!… S’il fallait supprimer ces petites contrariétés, on n’aurait plus qu’à s’asseoir.

Mère Isabelle, fondatrice des Orantes

Du Père d’Alzon, M. Isabelle dit qu’il s’est donné à Dieu avec entière donation de lui-même; il se donnait avec joie, gaieté, épanouissement, avec une générosité vraie. Elle-même avait été à l’école de Sainte Marie Eugénie qui lui a apprit que dans un dégagement joyeux, l’esprit de l’Assomption laisse de côté les lamentations, mais cherche ce que Dieu veut pour tirer des choses qui arrivent le meilleur parti possible pour son service et pour sa gloire… (car) tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. – Marie-Eugénie Milleret Chapitre du 19 mai 1878.

Nous devons demander [au P.Picard] ce grand esprit de l’Assomption qui donne avec joie, nous dit encore M. Isabelle – citée comme plus haut d’après ses Instructions de Chapitre de 1910-1911

En effet, P. Picard nous transmet cet esprit de joie du don dans la foi confiante à travers sa vie et son message. En voici pour signe, les deux citations qui ouvrent et ferment ce livre dont je vous recommande la lecture et dans lequel sœur Monique-Anne présente le P.Picard à travers ses écrits : Que la joie anime tout votre intérieur. Qu’on y soit heureux et qu’on voit bien que l’amour de Notre-Seigneur rend tout agréable et facile. – lettre à Isabelle, comtesse d’Ursel, 13 décembre 1902

Jésus est bon, infiniment bon… La bonté c’est le don de soi… Exercez-vous chaque jour à la bonté. – Instruction aux Orantes, 13 décembre 1902

Puisse la générosité joyeuse et sans réserve nous marquer toujours en congrégation et en Assomption. Demandons-la dans la prière et travaillons-y avec persévérance. J’y exhorte : lisons, étudions, méditons nos fondateurs ainsi que l’un ou l’autre grand  moine, Père de l’Eglise ou spirituel. Les fréquenter et y trouver la nourriture de nos âmes nous rendra plus heureux et plus forts.

Nous allons célébrer bientôt l’exaltation de la sainte Croix. A tous et chacun je souhaite de une belle fête et un profond renouvellement dans la joie de se donner au Christ.

Sr Anne Huyghebaert, Supérieure Générale des Orantes de l’Assomption