Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

A l’occasion de la fête de Sainte Marie-Eugénie

Sainte Marie Eugénie

En Assomption et en église, nous célébrons la fête de Sainte Marie-Eugénie (1817-1898), fondatrice des Religieuses de l’Assomption.

Sainte Marie Eugénie de Jésus est passionnée de Dieu et du Christ.  Elle croit que l’Evangile, vécu concrètement, peut transformer la société. L’immensité de l’amour de Dieu est son seul appui solide.

Elle reconnaît l’Incarnation de Jésus-Christ comme la pleine expression de cet amour qui élargit sa propre capacité d’aimer : « Maintenant le monde n’est pas assez grand pour mon amour ». Le Christ est ainsi la source et l’horizon de sa vie : « Mon regard est tout en Jésus-Christ et en l’extension de son Règne ». Habitée par lui, elle s’engage en vue du « règne social du Christ », qu’elle voudrait voir se déployer dans la société et en chaque personne.

Sa spiritualité est large, riche de l’esprit de l’Eglise, qu’elle aime profondément même si elle en reconnaît les limites. Consciente de sa propre faiblesse, elle s’abandonne à l’action de Dieu en redirigeant vers lui tout ce qu’elle dit et fait. Tous les aspects de sa vie sont pris dans un mouvement d’adoration par lequel elle reconnaît que Dieu a la première place. Cet enracinement en Lui la conduit à une profonde liberté. Elle se donne avec dévouement, dans un grand « dégagement joyeux », expression de sa confiance : quel que soit le chemin, si l’homme le parcourt avec Dieu, ce dernier anime son intelligence et le rend créatif ; l’homme trouve alors la capacité de s’engager avec audace sur la voie de l’amour.

En Marie, Marie Eugénie contemple la femme habitée par Dieu, offerte à la force transformatrice de son amour.

« Je crois que nous sommes appelées à honorer le mystère de l’Incarnation et la personne sacrée de Jésus-Christ (…) c’est là même ce qui domine nos vues sur l’éducation ».

Marie Eugénie aime écouter le Père Lacordaire, Dominicain. C’est en l’écoutant prêcher une conférence de carême à Notre-Dame de Paris, en 1896, qu’elle se convertit. Bouleversée par ses paroles, elle lui écrira:

 «Votre parole répondait à toutes mes pensées…, elle achevait mon intelligence des choses…, elle me donnait une générosité nouvelle, une foi que rien ne devait plus faire vaciller…, j’étais réellement convertie. »

Sa route croise alors celle du Père Combalot, qui lui parle de l’idée de fonder une Congrégation au service de l’éducation des jeunes filles en vue d’une transformation sociale éclairée par les valeurs de l’Evangile. Le projet naîtra le 30 avril 1839. Ce n’est qu’après sa rencontre avec le père d’Alzon, futur fondateur des Pères de l’Assomption, puis la rupture de la congrégation naissante avec Combalot, en 1841, qu’Eugénie reconnaîtra dans cette œuvre la volonté de Dieu sur elle.

La jeune femme, désormais Soeur Marie Eugénie, devient une fondatrice infatigable. Sa confiance en Dieu, sa grande liberté dans les relations et son talent de visionnaire, toujours centrés sur le Christ, lui donneront de traverser avec audace et humilité les joies et les combats des 59 années de sa vie religieuse.

Bien avant qu’on ne parle de féminisme, Marie-Eugénie ressent l’urgence de donner la priorité à l’éducation des femmes, si négligée à son époque. Elle s’engage donc dans l’éducation des jeunes filles de la haute société avec un principe essentiel : former l’intelligence avec l’éclairage de la foi. Il s’agit pour elle de transformer la société en transformant la mentalité des jeunes filles de son époque. L’Évangile a cette capacité : plus nous nous laissons pétrir par les valeurs évangéliques, plus nous devenons ferments de transformation autour de nous.

Marie-Eugénie étonne par sa vision novatrice de la pédagogie : elle souhaite que les enseignants s’adaptent à la personnalité de chaque élève, elle organise des groupes d’élèves chargés d’aider les autres ou de s’occuper d’œuvres charitables… Innovante, elle est aussi consciente qu’il faut puiser dans les richesses spirituelles de l’Église : « Il faut aimer l’Église dans son enseignement, dans tous ses usages, dans son histoire, dans ses traditions, dans ses dévotions ; il faut l’aimer dans tout ce qu’elle nous propose, dans ce qu’elle a été, dans ce qu’elle est aujourd’hui. » Un conseil à méditer !

Pour aller plus loin, un film de 12 minutes nous fait découvrir comment cette jeune femme du 19e siècle s’est laissée interpeller par les besoins de son époque, suivant la volonté de Dieu jusqu’à créer une nouvelle congrégation, les Religieuses de l’Assomption. Le 3 juin 2007, elle fut proclamée Sainte par le pape Benoît XVI, à Rome, en présence de milliers de pèlerins, religieuses et amis de l’Assomption venus du monde entier.