
Jésus nous révèle notre seul travail : demeurer dans une dynamique de conversion, jusqu’au bout, au dernier souffle. Comme « nos pères » il peut m’arriver de « récriminer » : ce monde est trop dur, la vie n’est pas drôle ! Comme ces gens venus rapporter des malheurs injustes, il peut m’arriver de m’enfermer à pester contre notre genre humain qui se moque de l’avenir de la planète et de l’accueil des pauvres et autres « mis à l’écart » qui n’ont pas choisi d’être ainsi.
Nous voudrions une Église idéale, une Justice qui soit juste, et non. Des amis faisaient part de leur effarement à une séance au Tribunal pour une mère à qui on a enlevé son enfant. Le couple est séparé, et le père « pourrait » avoir violé l’enfant qui reste traumatisé et qui met ça sur le dos de la mère. La Justice se fait entre 2 bandes, celle de l’avocat du père et celle de l’avocat de la mère. « On dirait que l’avenir de l’enfant est le cadet de leurs soucis », disaient les amis. Les entendre me faisait monter le sang…
« Mais si vous ne vous convertissez, vous périrez de même » ! Jésus ne se réjouit pas de notre péché et de nos esprits tordus. Mais il garde le cap : demeurer enfant de Dieu, qui choisit d’espérer contre toute espérance. En toutes situations, même les plus criantes, il appelle à choisir de demeurer dans une dynamique de conversion ! C’est là notre combat, notre combat spirituel.
Lui seul peut nous donner de le tenir. Lui seul, c’est « JE SUIS », cette « chose » extraordinaire dont Moïse pensait pouvoir faire le tour, avant d’entendre que cette chose était … Dieu, qui « t’envoie » chez celui que tu fuyais, Pharaon et autres empêcheurs de respirer ! A quoi me convertir, à Qui me convertir ? A Celui qui donne de consentir au réel, de le traverser et d’y porter son fruit. C’est en chemin de conversion que nous portons du fruit. Notre figuier l’attend, le figuier du Seigneur.
« C’est chez les anciens qu’est la sagesse, c’est dans un grand âge que se trouve la prudence. » Les paroles qui tiennent fermes à la racine de la sagesse sont celles qui prennent toute leur force dans un art de vivre par l’épreuve même de l’action. Mais comme souvent est accordée une longue vie sans que soit octroyée la grâce de la sagesse, c’est raison de nommer maintenant celui dont le jugement dispense ces dons et le texte ajoute : « C’est en lui qu’est la sagesse et la force, c’est lui qui a le conseil et l’intelligence. »
Nous appliquons ces paroles non sans pertinence au Fils unique du Père souverain en prenant conscience qu’il est, lui, la sagesse et la force de Dieu. Paul aussi, en effet, en porte témoignage à notre intelligence quand il dit que « le Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (1 Co 1,24), lui qui est toujours en Dieu puisque « au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1).
Or Dieu a le conseil et l’intelligence, le conseil, puisqu’il ordonne ses actes, l’intelligence, puisqu’il connaît les nôtres. Le mot de conseil peut aussi désigner la lenteur de son jugement secret, c’est-à dire qu’il peut tarder à frapper le coupable, non faute d’apercevoir ses manquements à la justice, mais afin qu’on voie que la condamnation, différée dans la perspective d’une pénitence, procède tardivement d’un conseil.