Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Intériorité, élément essentiel de la vie contemplative

La vie religieuse est, avant tout, une vie intérieure d’union avec Notre Seigneur. Notre vie étant toute consacrée à Dieu, ce n’est pas seulement une partie du temps qui doit être réservée à l’oraison, mais toute notre vie. Alors l’âme vit avec Dieu, vit près de Lui, et Dieu vit en elle. C’est une prière, un recueillement ininterrompu.

L’intériorité quelques pistes à creuser :

  • L’oraison
  • La simplicité et fidélité à l’instant présent
  • L’union à Dieu
  • Le simple regard

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Notes d’oraison. 23 Janvier 1914. (Isabelle a 65ans).

Mon état d’oraison, soit dans la consolation qui est rare, soit dans la sécheresse habituelle, se constitue dans l’union avec Dieu, avec la Trinité adorable dans laquelle je me perds. Qui dit union, dit deux choses liées entre elles par un lien. La liquéfaction exprime mieux ce que j’éprouve. Ce que je comprends, c’est le vin et l’eau. Ce n’est pas l’huile jetée dans l’eau. L’huile surnage, elle ne se mêle pas à l’eau. C’est le sel ou le sucre qui se mêle à l’eau, sans se perdre toutefois. Sans doute il y a des procédés chimiques qui peuvent les séparer. Ils ne perdent pas leur substance propre.

Le péché ou l’infidélité peuvent diminuer l’union, la liquéfaction en Lui. Ce peut être la séparation totale, mais, tant que dure l’union, la liquéfaction, l’âme ne peut avoir d’autres désirs, d’autre volonté que celle de Dieu. – Je puis mal l’appliquer, ou me tromper sur les moyens, mais je ne peux pas vouloir autre chose que la volonté de Dieu. Ce n’est pas de la résignation, ce n’est pas de la lutte. C’est la paix dans l’union de deux volontés, celle de Dieu et la mienne…

Par exemple, j’éprouve une grande peine de ce qui s’est passé. J’aurais fait tout au monde pour l’éviter pour ne pas offenser Dieu, mais, en ce qui me regarde, je crois que je n’aurais pas remué le petit doigt pour me l’éviter.

La blessure du cœur est profonde, mais j’y vois un mode d’union, une participation aux blessures du cœur du divin Maître, et je n’ai pas de peine à l’accepter. Notre divin Sauveur et moi, nous vivons de la même vie, et c’est à Lui de manier si bien mon cœur dans l’intimité de cette union qu’il n’y reste rien de moi-même.

Mère Isabelle

Instruction de Mère Isabelle, 7 mars 1914 – De la vie intérieure.

Notre âme a une histoire et cette histoire est faite de toutes les fluctuations de notre vie intérieure. L’effort nous est souvent recommandé. Néanmoins, la vie intérieure n’est pas une vie d’effort, mais une vie de simplicité. Dieu nous parle et nous nous mettons sous sa main.

Ce n’est pas compliqué. Cette vie n’est compliquée que par notre faute lorsque nous y mettons des obstacles par nos infidélités, nos retards ou nos scrupules. Parler à Dieu, penser à Dieu devrait être la respiration de notre âme, et nous devrions aller tout simplement à Dieu. La vie intérieure est donc une vie de simplicité.

C’est aussi une vie de fidélité parce que nous devons obéir aux moindres touches de la grâce. Dès que Dieu donne une lumière, il faut la suivre aussitôt ; si nous ne la suivons pas, il nous arrive ordinairement un grand détriment.

La lumière passe, elle est longtemps parfois avant de revenir, et quelquefois, elle ne revient pas. C’est une grâce perdue, un progrès que nous n’avons pas accompli, que nous n’accomplirons jamais. Nous pourrons faire notre salut sans cela, mais c’est une gloire que nous n’aurons pas donnée à Dieu.

Il faut avoir l’ouïe fine pour écouter le Saint Esprit. Et la première condition pour le bien écouter, c’est de songer à cette purification de l’âme que Dieu poursuit par tous les moyens. Les sacrements sont des moyens, les sacramentaux aussi, comme l’eau bénite, le signe de la croix, etc. Ayons toujours cette pensée de nous purifier, sans y mettre de scrupule, mais en ôtant de nous tout ce qui serait un obstacle au passage de la lumière.

Mère Isabelle

Mère Isabelle

Instruction de Mère Isabelle, 25 août 1917 – De l’oraison

Notre vie étant toute consacrée à Dieu, ce n’est pas seulement une partie du temps qui doit être réservée à l’oraison, mais toute notre vie… Quand on veut que l’eau coule vers un endroit défini, il faut creuser le sol pour lui donner un passage. De même, si nous voulons que nos pensées et nos aspirations soient transformées par la grâce, il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes…  Notre âme doit toujours être prête à recevoir l’empreinte de Dieu, de la prière, de l’union avec Notre Seigneur. C’est ainsi que nous devons être à travers notre vie organisée pour nous unir à Dieu.

Souvent, nous la désorganisons parce que nous croyons que ce sont les occupations extérieures qui nous troublent, alors que ce sont surtout les distractions intérieures. Nous voudrions que Dieu nous délivre de ces distractions, de ces souffrances, de ces inquiétudes ; mais il permet que la prière soit une lutte, une souffrance, une épreuve. Ayez à cœur de chercher Dieu véritablement ; ne vous laissez pas aller à de petits mécontentements et à des craintes, laissez-vous pénétrer de la présence de Dieu et abandonnez-vous à Lui comme à votre Père. Si vous gardez des préoccupations, des désirs de paraître, de vous adonner davantage aux choses qui vous intéressent, alors vous ne creusez pas ce sentier qui doit vous conduire à l’union avec Dieu. Chassez donc tout ce qui peut mécontenter Dieu dans vos âmes, creusez de façon à ce que tous les obstacles à l’union à Dieu disparaissent.

Instruction de Mère Isabelle, 7 février 1920 – De la vie intérieure.

Mes sœurs, la vie intérieure ne peut s’établir dans les âmes que par la mort à soi-même. Tous les maîtres de la vie spirituelle sont d’accord sur cette doctrine qui nous est prêchée par le Père André JAUJOU comme elle l’a été par le Père d’ALZON. La vie religieuse est, avant tout, une vie intérieure d’union avec Notre Seigneur. L’abandon à la volonté de Dieu est la voie la plus sûre de l’union : notre but n’est-il pas de fondre tous nos désirs, toutes nos pensées, tous nos sentiments en ceux de Notre Seigneur ? Nous rencontrons souvent dans la vie des choses pénibles. Regardons alors ce que Jésus a souffert avant nous à Gethsémani et sur la croix. Il n’a voulu échapper à aucune souffrance, et Lui n’avait rien à purifier. Nous n’arriverons pas à la pureté de l’amour sans beaucoup de souffrances, des souffrances incompréhensibles parfois et que nos âmes ne saisissent pas. Dans la vie intérieure, nous avons à accepter une multitude de contrariétés que nous ne comprenons pas. Sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix disent que c’est dans l’obscurité  que se trouve la lumière, dans l’obscurité des choses de Dieu. Nous devons nous unir à Notre Seigneur, il faut accepter ces souffrances incompréhensibles. Les mystiques appellent cela la liquéfaction de l’âme. Nous devons nous unir aux volontés de Dieu dès cette terre pour préparer notre union du ciel. Instruction de Mère Isabelle, 24 juillet 1920 – Du silence

La prière est notre vie toute entière. Elle doit aboutir à ce qu’on appelle le simple regard. Alors l’âme vit avec Dieu, vit près de Lui, et Dieu vit en elle. C’est une prière, un recueillement ininterrompu. Nous arrivons peu à peu dans l’oraison à ne faire en quelque sorte qu’un même esprit avec Dieu. C’est l’effet que l’oraison doit produire dans l’âme. Que notre âme n’ait pas d’autre aspiration que celle que Dieu lui donne. Nous devons toujours nous conformer à la pensée de Dieu dans l’oraison.

Mère Isabelle

L’oraison est comme une communion dans laquelle Notre-Seigneur nous assimile à Lui, pourvu que nous soyons dans les dispositions voulues. Il ne suffit pas de se présenter devant Dieu pour faire son oraison, il faut y aller avec le désir d’apprendre son devoir. C’est une étude de Jésus-Christ. Il faut voir comment faisait Jésus-Christ, quels étaient ses sentiments, nous conduire selon Lui, conformer nos pensées, nos sentiments, nos paroles aux siennes. C’est sous l’influence du Saint-Esprit que cela doit se passer.

Autres pistes d’intériorité :

  • Dieu au cœur de l’homme
  • L’intériorité, comme lieu à retrouver
  • L’intériorité, comme présence divine à goûter
  • L’intériorité, comme chemin de sainteté à proposer à tous