Chaque année, du 1er septembre au 4 octobre, la famille chrétienne s’unit pour cette célébration mondiale de prière et d’action afin de protéger et de prendre soin de notre maison commune. C’est un temps spécial où nous célébrons Dieu comme Créateur et reconnaissons la Création comme l’acte divin permanent qui nous convoque comme collaborateurs de l’amour et de la sauvegarde du don de tout ce qui est créé. Cette année, le thème de ce temps est : «Espérer et agir avec la Création.»
La Création gémit dans les douleurs de l’enfantement (Romains 8,22)
Dans la lettre de l’apôtre Paul aux Romains, l’image biblique décrit la Terre comme une mère gémissant dans l’enfantement (Rom 8,22). François d’Assise l’a compris quand il a fait référence à la Terre comme à notre sœur et à notre mère dans son Cantique des Créatures. Les temps dans lesquels nous vivons montrent que nous ne comprenons pas la Terre comme un don de notre Créateur, mais plutôt comme une ressource à utiliser.
Pourtant, il y a de l’espoir et l’espérance d’un avenir meilleur. Espérer dans le contexte biblique ne signifie pas rester immobile et silencieux, mais plutôt gémir, pleurer et travailler activement pour une vie nouvelle au milieu des luttes. Tout comme dans l’enfantement, nous vivons une période de douleur intense, mais une vie nouvelle arrive.
La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu (Romains 8,19)
La Création et nous tous sommes appelés à prier le Créateur, à travailler ensemble pour un avenir d’espérance active et d’action. C’est seulement lorsque nous travaillons ensemble avec la Création que les prémices de l’espérance peuvent naître. La théologie paulinienne nous rappelle que la Création et l’humanité sont toutes les deux conçues au commencement dans le Christ et, par conséquent, sont confiées l’une à l’autre.
La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu ! Les enfants de Dieu sont ceux qui tendent les mains vers le Créateur, qui se reconnaissent comme créatures humbles, pour prier et respecter Dieu, et, en même temps, pour aimer, respecter, prendre soin et apprendre du don de Dieu qu’est la Création. La Création n’est pas donnée à l’humanité pour qu’elle en use et en abuse, mais, plutôt, l’humanité est créée pour faire partie de la Création. Plus qu’une maison commune, la Création est également une famille cosmique qui nous appelle à agir avec responsabilité. C’est ainsi que les enfants de Dieu ont une vocation intrinsèque et un rôle important à jouer dans la révélation du royaume de justice (cf. Rom 8,19).
Les prémices de l’espérance (Rom 8,23-25)
L’espérance est un instrument nous permettant de dépasser la loi naturelle du déclin, de la décomposition. L’espérance nous est donnée par Dieu comme protection contre la futilité. C’est seulement grâce à l’espérance que nous pouvons réaliser en plénitude le don de la liberté. La liberté agit non seulement pour atteindre la jouissance et la prospérité, mais aussi pour atteindre le niveau où nous sommes libres et responsables. La liberté et la responsabilité nous permettent de faire du monde un endroit meilleur.
Nous agissons pour un avenir meilleur parce que nous savons que le Christ a vaincu la mort causée par nos péchés. Il y a beaucoup de souffrance sur Terre à cause de nos manquements. Nos péchés structurels et écologiques infligent de la douleur à la Terre et à toutes les créatures, nous y compris. Nous savons que nous avons causé beaucoup de dégâts à la Création et au monde dans lequel nous vivons à cause de notre négligence, à cause de notre ignorance, mais, aussi, dans de nombreux cas, à cause de notre désir incessant de satisfaire des rêves irréalistes et égoïstes (cf. Rom 8,22).
Une citation généralement attribuée à saint Augustin dit : « L’espérance a deux filles de toute beauté : la colère et le courage. La colère face aux choses telles qu’elles sont et le courage nécessaire pour les changer. » Alors que nous sommes les témoins des clameurs et des souffrances de la Terre et de toutes les créatures, laissons une sainte colère nous faire avancer vers le courage d’être pleins d’espérance et d’agir pour la justice. Nous croyons que l’Incarnation du Fils de Dieu nous sert de guide et nous permet de faire face à un monde perturbant. Dieu est avec nous dans nos efforts pour répondre aux défis du monde dans lequel nous vivons (cf. Rom 8,23).
Il y a différentes formes d’espérance. Cependant, l’espérance n’est pas simplement de l’optimisme. Ce n’est pas une illusion utopiste. Ce n’est pas l’attente d’un miracle magique. L’espérance est la confiance que notre action a du sens, même si les résultats de cette action ne sont pas immédiatement visibles (cf. Rom 8,24). L’espérance n’agit pas seule. Précédemment, dans sa lettre aux Romains, l’apôtre Paul explique la relation étroite de l’espérance comme processus de maturation : « la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance » (Rom 5,4). La patience et la persévérance sont des alliées intimes de l’espérance. Ce sont les qualités qui mènent à l’espérance.
Nous savons à quel point l’action courageuse pour maîtriser le climat et la crise écologique est urgente et nous savons également que la conversion écologique est un processus lent, car les humains sont têtus quand il faut changer d’avis, de cœur et de façon de vivre. Parfois, nous ne savons pas à quoi devraient ressembler nos actions. Alors que nous voyageons dans la vie, chaque jour, nous avons de nouvelles idées et de nouvelles inspirations afin de trouver un meilleur équilibre entre l’urgence et les rythmes lents d’un changement durable.
Nous ne comprenons peut-être pas complètement tout ce qui se passe, nous ne comprenons peut-être pas les voies de Dieu, mais nous sommes appelés à faire confiance et à suivre avec des actions concrètes et soutenues, selon l’exemple du Christ, le Rédempteur de tout le Cosmos (cf. Rom 8,25).Dans certaines langues, la traduction du passage paulinien dit que l’espérance n’est pas une attente passive, mais plutôt une espérance active (cf. Rom 8,20-21). Il y a beaucoup à apprendre des autres cultures et pays sur la façon d’espérer et d’agir ensemble avec la Création.
Le verbe portugais « esperançar », ainsi que l’espagnol « esperanzar », exprime bien que l’espérance doit être comprise comme un verbe actif pour éviter de tomber dans le piège de la positivité superficielle. En français, il y a aussi deux différentes façons de parler de cette notion : « espoir », qui évoque l’attitude de l’attente, et « espérance », qui exprime la confiance active dans la lumière de Dieu. La même nuance apparaît dans la langue arabe qui distingue « amal (امل) » et « raja’ (رجاء) », et montre qu’il y a beaucoup de choses à prendre en compte dans ce que l’on veut dire quand on parle « d’espérance ».
Pour aller plus loin, on peut se joindre à la famille chrétienne afin de célébrer la création, protéger et prendre soin de notre maison commune. Temps pour la création