Après les jeunes (2018), la famille (2014 et 2015) ou l’Amazonie (2019), le pape François convoque un nouveau synode. Cette fois il est question de l’Église catholique elle-même. Place des laïcs, rôle des prêtres, reconnaissance de l’engagement des femmes… les thèmes à l’ordre du jour sont aussi nombreux que divers. Parce qu’il concerne la gouvernance de l’Église, on est tenté de croire que ce synode a des enjeux politiques. D’autant plus qu’il est convoqué par un pape que l’on sait réformateur. Pourtant, selon ce dernier, faire l’exercice de la synodalité est une démarche spirituelle, de l’ordre du discernement.
Synode sur la synodalité
Un « synode sur la synodalité » ? Cette formulation, pour beaucoup énigmatique, semble appartenir au seul jargon catholique. Qu’est-ce que la synodalité ? C’est un concept cher au pape François. Le terme vient du grec sunodos, qui signifie « chemin parcouru ensemble ». L’idée est de donner la parole à tous les baptisés, de toutes les sensibilités.
Dans l’esprit du premier pape jésuite, la synodalité est à la fois une démarche à expérimenter et aussi un objectif. Le titre exact du synode est en effet : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Selon le souverain pontife c’est de façon synodale que l’ensemble des baptisés – clercs et laïcs – doivent pouvoir avancer ensemble.
Pour certains, la synodalité est synonyme d’affaissement de l’institution ecclésiale. Donner plus de place aux laïcs dans la gouvernance de l’Église catholique est perçu comme une dissolution de la tradition. D’un autre côté, il y a de fortes attentes au sein du clergé comme des fidèles. Il y a une « attente très nette » de la part des laïcs, désireux de pouvoir « tous » participer à « la vie de l’Église ».
Un synode politique ?
Le document de travail (Instrumentum Laboris) annonce des échanges sur des sujets variés : rôle des prêtres et des évêques, participation des femmes à la vie de l’Église, l’accueil et communion avec les personnes « divorcées remariées, polygames ou LGBT+ »… Au dire des observateurs, jamais une publication officielle émanant du Saint-Siège n’a abordé autant de thèmes, et de façon aussi ouverte. Par exemple, c’est la première fois que l’expression « LGBTQ+ » apparaît dans un tel document. De telles données font peur à ceux qui craignent déjà de voir l’Église de Rome prendre les mêmes orientations que le chemin synodal allemand.
Au sein du clergé, le synode a de farouches opposants, il semble même cristalliser les oppositions au pape. Ainsi le cardinal Gerhard Müller, archevêque allemand, mais aussi l’Américain Raymond Burke, ont fait entendre des voix très critiques. Des prises de parole qui dessinent les contours politiques d’un tel événement. Mais le chef de l’Église catholique défend une démarche avant tout spirituelle de discernement, d’écoute et d’attention à l’autre. Dans son homélie lors de la messe d’ouverture du synode en octobre 2021, le pape François a énoncé « les trois verbes du synode » : « Rencontrer, écouter, discerner« .
Comment va se dérouler le synode ?
Du 4 au 29 octobre 2023, c’est la première session de travail qui se déroule à Rome. La seconde est prévue pour octobre 2024. Les travaux préparatoires ont débuté à l’automne 2021, avec des consultations dans les paroisses. Les réponses des fidèles ont ensuite été collectées et synthétisées lors d’une phase continentale à partir de septembre 2022.
364 personnes vont participer aux assemblées plénières du synode. Parmi eux, un grand nombre d’évêques et de cardinaux mais aussi des prêtres, des religieux et des laïcs. Fait notable, cinquante-quatre femmes auront pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique, la possibilité de voter lors d’un synode.
Quel effet auront les votes ? Les propositions formulées durant des échanges en petits groupes feront l’objet de votes en assemblées plénières. Tous ces échanges seront tenus secrets. Le synode sert à « informer et conseiller le pape », comme le précise le Vatican. À l’issue de la deuxième session, le souverain pontife devrait publier, comme c’est l’usage, une « exhortation apostolique post-synodale » où il résumera ce qui s’est dit, de façon personnelle.