A l’occasion de la fête du Père François Picard, fondateur des Orantes de l’Assomption, nous reprenons quelques extraits de ses enseignements sur la joie dans les épreuves. Dans le contexte actuel, le Père Picard a un message de réconfort qu’il peut nous apporter.
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Le 1er juillet 1874
La maladie est une terrible chose, elle contrarie, elle détruit tous nos projets, raison de plus pour la bénir, en toutes choses rendons grâces à Dieu, Eph 5,20. Soyez fidèle à cette pratique et imposez silence à tous les gémissements inutiles ; que les âmes vulgaires cherchent à apitoyer sur leur sort, c’est leur métier, mais qu’une âme qui veut appartenir à Notre Seigneur use de ces petits raffinements, c’est honteux. Voilà une excellente mortification, accueillez-la ainsi que les petites humiliations que vous inflige Monsieur votre frère. Vous ne pouvez pas agir beaucoup, il est bien juste que vous sachiez supporter. Le support doux, patient, le sourire perpétuel est une si belle chose, il prépare l’âme à la vie de charité.
Le 13 décembre 1879
Demandez sans crainte la santé nécessaire pour pouvoir assister à la messe et communier, mais ne faites aucune imprudence. La rigueur de l’hiver pourrait bien vous clouer souvent auprès du feu ; bénissez l’hiver comme l’été, surtout pas de plaintes. Une victime ne choisit pas le bois ou l’instrument du supplice, elle se laisse immoler. Surtout, qu’elle ne prenne jamais l’air d’une victime, ce serait une étrange façon d’être sotte et orgueilleuse. Réjouissez-vous de tout et partout, que la joie anime tout votre intérieur, qu’on y soit heureux et qu’on voie bien que l’amour de N.S. rend tout agréable et facile. Si après avoir fait l’essentiel pour être aimable, vous n’obtenez que la critique, priez le Seigneur et soyez-lui fidèle.
Le 27 décembre 1879
Pourquoi geindre, ma chère enfant ? Jésus est conduit au supplice, et comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, il n’ouvrait pas la bouche, Is 53,7, et vous voudriez recevoir des témoignages de commisération. Pas de plaintes. Acceptez joyeusement que l’on s’apitoie sur le sort de Madame votre belle-mère et qu’on ne fasse pas attention que votre position est humainement plus triste que la sienne. Jésus très bon et très tendre ne vous suffit pas encore. Soyez victime comme il le veut, c’est-à-dire dans les détails de la vie ordinaire. Quelle bonne habitude que d’être contente de tout ! Le rhume vous tient, soyez contente ; madame votre belle-mère vous juge, soyez heureuse ; on s’occupe d’elle, on la plaint et on vous oublie, réjouissez-vous ; vos efforts ne sont récompensés que par la critique, voire même la contradiction, tant mieux.
En toutes choses rendons grâce à Dieu. Que ce soit votre résolution de Noël ; Jésus saura récompenser votre labeur et combler le vide qu’il demande. Soignez votre rhume et soyez une gaie prisonnière, et que l’année 1880 soit marquée du sceau de la croix joyeusement acceptée et joyeusement portée. Tels sont mes vœux, ils ne paraîtront pas tendres, mais ils partent d’un cœur profondément dévoué à votre âme et à tous les intérêts de votre enfant et des vôtres.
Le 7 octobre 1884
Ma chère fille, écoutez la voix de la grâce et demandez l’immolation et le mépris pour expier et obtenir grâce pour certains prêtres, sainteté pour d’autres. Il vaut mieux ne jamais penser à soi et s’occuper des âmes. Le zèle est la grande force. Qu’il consume votre cœur. Le zèle de ta maison me dévore, Ps 68,10.
Le 4 juillet 1885
Votre vocation est dure, ma chère enfant, mais elle vient de celui qui peut tout et qui dans son amour est le compagnon des plus dures abjections et souffrances. Soyez avec lui et demandez humiliation, abjection, anéantissement dans la vie simple et cachée de tous les jours et surtout dans le sens intime de l’oraison. Expiez pour ceux à qui le maître peut dire encore : Ami, pourquoi es-tu venu ? Mt 26, 50, n’est-ce pas se livrer au baiser de Judas, c’est-à-dire aux abjections, aux ingratitudes, aux angoisses les plus accablantes. Ne vous effrayez pas. Dieu est bon, mais demandez une immense patience. C’est la patience que je demande pour vous en vous bénissant. Soyez très bonne pour votre cousine et mettez-vous à sa disposition.
Le 27 janvier 1886
Dans l’oraison, la base touche souvent au sommet et sans cause il faut revenir du ciel à la terre pour remonter de la terre au ciel. C’est l’échelle mystérieuse de Jacob. Les anges montaient et descendaient. En descendant ils restaient unis à Dieu et contemplaient sa face ; en montant ils ne discontinuaient pas de veiller sur l’homme et de remplir leur mission. Ils voyaient comme voient les anges, unissant d’un seul regard les choses les plus distinctes et en apparence les plus séparées. Ils voient le fond. Hélas ! Nous ne pénétrons pas ce fond et nous allons par bond d’une chose à l’autre, mais Jésus a pitié de notre faiblesse et il accomplit en nous cette douce et forte unité… Je prie beaucoup pour vous.
Le support doux, patient, le sourire perpétuel prépare l’âme à la vie de charité.
Bénissez l’hiver comme l’été, surtout pas de plaintes. Réjouissez-vous de tout et partout, que la joie anime tout votre intérieur, qu’on y soit heureux et qu’on voie bien que l’amour de N.S. rend tout agréable et facile.
- Restez toujours joyeux et priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus,1Th 5, 16-18.
- Et vous, le feu et la chaleur, bénissez le Seigneur, et vous, la fraîcheur et le froid, bénissez le Seigneur ! Ps 62, 66-67.
- Vous voudriez recevoir des témoignages de commisération. Les plaies lavent le blessé du mal, les coups vont jusqu’au fond de l’être, Pr 20, 30.
- Jn 16, 21-22 Ps 125, 5-6 Is 50, 5ss Lc 6, 21 Rm 8, 18-22 1P 2, 21-24
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Soyez Saints et Joyeux !
P. François Picard