C’est la Pentecôte. Nous l’avons préparée, nous l’avons désirée afin de raviver en nous « L’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5,5). Depuis notre baptême, notre cœur est la coupe précieuse où l’Esprit Saint a déversé à profusion, et non au compte-gouttes, l’eau vivifiante de son amour. En lui, tout est don, abondance, gratuité. Comment répondre à cette prodigalité ?
Comment laisser déborder autour de nous le trop plein du don qui nous est fait ? Nous nous fourvoyons parfois dans notre manière de le comprendre. Il nous arrive de demander l’Esprit Saint en espérant le recevoir, sans peine et avec beaucoup de consolations. Parfois, le contraire se produit : nous sommes confrontés à cette part de nous-même que nous préférerions ne pas voir, à nos fragilités, nos égoïsmes, nos peurs.
Ou bien la vie nous réserve des situations imprévues, des choix difficiles à faire. « J’ai pourtant demandé l’Esprit Saint », pensons-nous. Et le combat intérieur commence. N’oublions pas la parole de Jésus à Nicodème : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il pour tout homme qui est né du souffle de l’Esprit » (Jn 3,8). Pour les uns, c’est comme une brise légère qui les apaise et les transforme. Sans bruit, sans éclat, leur vie ordinaire devient un témoignage lumineux d’amour, de douceur, de paix, de fraternité.
A l’image de Jésus, « ils passent partout en faisant le bien », gratuitement, sans attendre de retour, sinon la joie d’avoir consolé, guéri, ranimé l’espérance et la vie. Les gestes de fraternité suscités par l’épreuve de la pandémie ou par d’autres détresses humaines n’en sont-ils pas une preuve ? Pour d’autres, c’est un souffle puissant qui bouleverse leur vie et les rend capables de toutes les audaces pour l’annonce de l’Evangile, pour la défense de la justice, de la vérité, de la vie.
Depuis les apôtres et les premiers martyrs chrétiens, l’Église ne cesse de compter des témoins qui, à l’exemple de l’apôtre Paul, osent dire : « Je n’attache aucun prix à ma propre vie pourvu que je mène à bonne fin le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’Évangile » (Ac 20,24). Aujourd’hui, dans le monde, tant d’hommes et de femmes subissent des injures, voire des persécutions, en raison de leur foi.
Dans les milieux de travail ou d’étude, comment sont reçus ceux qui osent témoigner du Christ ? Oui, le vent souffle où il veut, de la manière qu’il veut mais c’est toujours en vue d’un plus grand amour. A chacun de chercher d’où il vient, et où il va et où il veut nous conduire.
Le Pape François nous encourage : « L’Église a besoin des saints de tous les jours, ceux de la vie ordinaire, vécue avec cohérence ; mais aussi de ceux qui ont le courage d’accepter la grâce d’être témoins jusqu’à la fin, jusqu’à la mort. Tous ceux-là sont le sang vivant de l’Église. Ce sont les témoins qui font avancer l’Église ». « Rien ne sera plus jamais comme avant », entendons-nous souvent dire durant cette période actuelle de crise sanitaire.
N’est-ce pas le temps du témoignage pour que « ce soit autre » ? N’est-ce pas le temps de demander l’Esprit Saint, non pour une paisible rencontre avec lui mais pour un nouvel élan. Que son souffle vivifiant nous aide à ranimer la foi chrétienne défaillante, à relever ceux que l’épreuve a brisés, à lutter contre toute forme d’injustice. En un mot, selon l’expression du pape, pour « Bâtir une civilisation de l’amour et du partage ». Demander l’Esprit Saint peut nous conduire très loin…
Marie-Louise Pire, Communauté Maranatha