Comme forme de compassion, Grégoire loue l’hospitalité.
En écoutant Jésus leur parler des Écritures tout au long du chemin, les disciples d’Emmaüs n’ont pas été illuminés. Ils n’ont été illuminés qu’en exerçant la charité.
La compassion est la vertu de celui qui se trouve dans une position privilégiée par rapport à un prochain souffrant, ou dans la gêne.
Ils l’avaient reconnu lors de la fraction du pain
Les deux disciples se sont accompagnés mutuellement. Ils étaient non croyants, et malgré cela, ils conversaient entre eux à propos du Seigneur.
Et voilà qu’il est venu faire route avec eux ; ils ne l’ont pas reconnu. Le seigneur dévoilait pour eux ce qui se déroulait dans leurs cœurs. Les deux disciples avaient des sentiments divisés entre l’amour et le doute. Alors, le Seigneur s’approcha deux, mais il ne s’est pas fait reconnaître. Il a offert sa présence à ces deux hommes qui parlaient de lui, mais il a caché son vrai visage, eux-mêmes ayant douté de lui.
Il leur a parlé, puis les a réprimandés à cause de la dureté de leurs cœurs. Il leur a dévoilé les mystères se trouvant dans la Bible qui parlent de lui. Puis, il fit semblant d’aller plus loin, car il était toujours étranger à leur foi. Si la vérité a admis cela, c’est en raison de sa simplicité, à double titre : elle apparaissait aux yeux des disciples tout comme elle était présente dans leurs esprits. Puis le Seigneur a voulu voir s’ils l’aimaient comme ami dans l’apparence d’un étranger, même sans le reconnaître comme Dieu.
Mais la charité n’était pas étrangère à ceux qui marchaient avec la vérité. Ils l’ont invité à rester chez eux, comme tout étranger est invité. Est-ce que nous pouvons moins parler de cette invitation ? Le livre dit : « Ils le pressèrent « , Lc 24,29. La charité nous enseigne, par cette histoire, que notre invitation doit être pressante, pour que les étrangers entrent sous notre toit.
Ils ont préparé la table et la nourriture ; ainsi, ils ont découvert Dieu par la fraction du pain, mais ils ne l’ont pas reconnu lorsqu’il s’exprimait. Ils n’ont pas été illuminés par l’écoute des commandements divins, mais par leur pratique : car « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la Loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui la mettent en pratique seront justifiés », Rm 2,13.
Si quelqu’un veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il l’applique selon sa mémoire. Le Seigneur ne fut pas reconnu quand il a parlé, mais il s’est fait connaître quand on lui a servi la nourriture.
Chers frères et sœurs, aimons l’hôte. Aimons la charité. A ce propos, Saint Paul nous a dit : « Que l’amour fraternel demeure. N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir ont accueilli des anges », He 13,1-2. Et Saint Pierre dit : « Pratiquez hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer », 1 P 4,9. Et la vérité même nous parle de la charité : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », Mt 25,40.
Malgré cela, mes frères et sœurs, nous sommes paresseux dans la pratique de la vertu de l’hospitalité. Il faudrait donner à cette vertu sa bonne place ; ainsi le Christ viendra à notre table, et nous serons accueillis dans le festin éternel.
Si nous accueillons le Christ présent chez l’étranger, il ne nous niera pas le jour du jugement, mais il nous acceptera comme frères dans son Royaume.
Patrick CATRY, o.s.b. Amour chez saint Grégoire le grand, Bellefontaine, vie monastique n°17.