La leçon du cardinal Tagle pour retrouver la joie de la mission.
« Sans engagement missionnaire, la vie des consacrés serait privée de joie »
— Cardinal Tagle
Par Hugues Lefèvre : Le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, a clôturé le symposium sur le sacerdoce organisé au Vatican. Dans une conférence dynamique, le cardinal philippin a prévenu les prêtres, les laïcs et les religieux que sans engagement missionnaire, leur vie serait privée de joie. C’est par des exemples concrets que le cardinal Luis Antonio Tagle a commencé son propos conclusif de ce colloque international de théologie.
Un jour, lors d’une rencontre avec des jeunes du catéchisme, le cardinal philippin les a interrogés sur ce qu’ils y apprenaient. « Une fille leva la main. Je lui demandai quelle avait été son expérience significative avec son catéchiste. Elle répondit : “Quiet ! Quiet ! Quiet” [ Silence ! Silence ! Silence ! ], et se rassit ».
Passés les rires des quelque 400 participants présents dans la salle Paul VI du Vatican, le préfet de 64 ans s’est interrogé : « Dans la vie ordinaire, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous nous sentons fatigués, vides et sans joie. Mais je me demande s’il est possible qu’une des raisons de la perte de la joie chez un baptisé ou un ministre de l’Église soit le manque ou l’affaiblissement du sens de la mission ? ».
Il a alors développé un enseignement d’une trentaine de minutes pour souligner le fait que, sans un engagement missionnaire, alors les laïcs, les prêtres, et les personnes consacrées demeurent privés de joie. « Sans amitié vibrante avec Jésus, la mission devient facilement un fardeau », a-t-il insisté, n’hésitant pas à qualifier « d’esclaves » plutôt que d’ « amis » ce genre de disciples du Christ.
Maniant l’art de la formule – « Plus Jésus vous aime, plus il vous envoie », le cardinal Tagle a tenu à apaiser les catholiques qui entendent l’invitation à la mission comme une chose laborieuse et difficile. « Parfois nous rendons les choses très compliquées alors qu’il s’agit d’une conversation sur Jésus », a-t-il souligné, « dans les familles, les écoles, les lieux de travail, les centres de loisirs, les hôpitaux, les médias, les pauses café et les simples réunions d’amis ».
« Avez-vous postulé pour ce poste ? »
S’adressant plus particulièrement aux prêtres, celui qui a été recteur de séminaire pendant une quinzaine d’années a tenu à rappeler que « personne ne pouvait réclamer l’ordination ». Le fait de devenir prêtre ne peut être la poursuite d’un projet d’accomplissement personnel, a-t-il prévenu. Car « il n’y aura jamais de joie mais seulement de l’anxiété et de l’appréhension dues à l’auto-promotion et à la compétition ». S’amusant des personnes obsédées par les titres dans l’Église, il a parodié, hilare, un dialogue entre deux clercs : « “J’ai un doctorat”, “Tu n’as qu’une maîtrise” ; “Je mérite la cathédrale”, “Tu mérites une paroisse de village” ».
En guise de conclusion, l’ancien archevêque de Manille s’est permis de provoquer son auditoire constitué à majorité d’évêques et de prêtres : « Je vous demande de vous rappeler comment vous êtes arrivés là où vous êtes. Avez-vous postulé pour ce poste ? Avez-vous été appelé et missionné par l’Église ? » Et de finir en rappelant : que « décider soi-même de là où l’on va rend les gens anxieux et non joyeux ».
Sans engagement missionnaire, la vie des prêtres, des laïcs et des religieux serait privée de joie.
« Soyez des apôtres de la joie en cultivant en vous la joie d’être au service de vos frères et de l’Église »
— Pape François