Le pape François s’est adressé aux auditeurs de la BBC dans la rubrique radiophonique « Thought for the Day ». Le pape a d’emblée souligné combien « le changement climatique et la pandémie de Covid-19 mettent en évidence la vulnérabilité radicale de tous et de tout, et soulèvent de nombreux doutes et perplexités à propos de nos systèmes économiques et des modalités d’organisation de nos sociétés ». « La leçon la plus importante que nous transmettent ces crises est qu’il est nécessaire de construire ensemble, parce qu’il n’y existe aucune frontière, barrière, mur politique derrière lesquels nous pouvons nous cacher. Et nous le savons : on ne sort pas seuls d’une crise ».
Le changement climatique et la pandémie de Covid-19 mettent en évidence la vulnérabilité radicale de tous et de tout, et soulèvent de nombreux doutes et perplexités à propos de nos systèmes économiques et des modalités d’organisation de nos sociétés.
Nos sécurités se sont effondrées, notre appétit de pouvoir et notre soif de contrôle s’effritent. Nous nous sommes découverts faibles et remplis de peurs, plongés dans une série de « crises » : sanitaires, environnementales, alimentaires, économiques, sociales, humanitaires et éthiques. Des crises transversales, fortement liées entre elles, et annonciatrices d’une « tempête parfaite », capable de briser les « liens » qui unissent notre société au sein du précieux don de la Création.
Toute crise exige une vision, la capacité de planifier et de mettre en œuvre rapidement, afin de repenser l’avenir de notre maison commune et de notre projet commun.
Ces crises nous placent face à des choix radicaux difficiles. Chaque moment de difficulté contient également des opportunités, qui ne peuvent être gaspillées.
Elles peuvent être affrontées en faisant prévaloir des attitudes d’isolement, de protectionnisme, d’exploitation ; ou bien elles peuvent représenter une véritable opportunité de transformation, un véritable point de conversion, et pas seulement dans un sens spirituel.
Cette dernière voie est la seule qui conduise à un horizon « lumineux » et elle ne peut être poursuivie qu’à travers une coresponsabilité mondiale renouvelée, une nouvelle solidarité fondée sur la justice, sur le partage d’un destin commun et sur la conscience de l’unité de la famille humaine, projet de Dieu pour le monde.
Il s’agit d’un défi de civilisation en faveur du bien commun et d’un changement de perspective, dans l’esprit et le regard, qui doit placer au centre de chacune de nos actions la dignité de tous les êtres humains d’aujourd’hui et de demain.
La leçon la plus importante que nous transmettent ces crises est qu’il est nécessaire de construire ensemble, parce qu’il n’y existe aucune frontière, barrière, mur politique derrière lesquels nous pouvons nous cacher. Et nous le savons : on ne sort pas seuls d’une crise.
Il y a quelques jours, le 4 octobre, j’ai rencontré des chefs religieux et des scientifiques pour signer un Appel commun demandant des actions plus responsables et cohérentes tant de notre part que de celle de nos dirigeants. À cette occasion, j’ai été frappé par le témoignage d’un des scientifiques qui a dit : « Ma petite-fille, qui vient de naître, devra vivre dans un monde inhabitable d’ici 50 ans, si les choses continuent ainsi ».
Nous ne pouvons pas le permettre !
L’engagement de chacun en faveur de ce changement de cap si urgent est fondamental ; un engagement qui doit également être nourri par notre propre foi et spiritualité. Dans l’Appel conjoint, nous avons rappelé la nécessité d’œuvrer de manière responsable en faveur d’une « culture du soin » de notre maison commune et aussi de nous-mêmes, en cherchant à déraciner les « semences de conflit : l’avidité, l’indifférence, l’ignorance, la peur, l’injustice, l’insécurité et la violence ».
L’humanité n’a jamais eu autant de moyens qu’aujourd’hui pour parvenir à cet objectif. Les décideurs politiques qui participeront à la COP26 de Glasgow sont appelés avec urgence à offrir des réponses efficaces à la crise écologique dans laquelle nous vivons et, de cette façon, une espérance concrète aux générations futures. Mais nous pouvons tous – il est bon de le répéter, qui et où que nous soyons – jouer un rôle dans la modification de notre réponse collective à la menace sans précédent du changement climatique et de la dégradation de notre maison commune.
(*) Version française de la salle de presse du Saint-Siège. Titre de La DC.