Orantes
Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Centenaire du dies natalis de Mère Isabelle

Dies Natalis Mère Isabelle

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Le 3 juillet 1921, Mère Isabelle de Gethsémani, fondatrice des Orantes de l’Assomption, est décédée subitement vers 4h du matin, à Sceaux, en France. Elle était entourée de quelques-unes des 30 sœurs de l’unique monastère que comptait alors la congrégation née 25 ans plus tôt dans un contexte de persécutions religieuses. Elle rejoignait le Père François Picard qui a fondé notre congrégation avec elle et les 5 sœurs qui l’avaient déjà précédée.

Un décès est une Pâque, un passage de la mort à la vie et c’est pourquoi il est appelé Dies natalis. En latin cette expression veut dire jour de naissance, naissance au ciel et à la pleine rencontre et louange de Dieu. Pour les religieux et les chrétiens ayant cherché sincèrement l’union à Dieu, le dies natalis est aussi un accomplissement de cette union et se compare à des noces spirituelles.

Les deux paroles de Mère Isabelle qui ont été recueillies ce matin-là, en ses tout derniers moments, peuvent être un message pour nous aujourd’hui. « Dites-leur que je les aime » – Ces mots visaient ses sœurs Orantes : Je les aime toutes… toutes… ! continuait-elle en ajoutant des mots d’affection pour ses proches. En ce centenaire où nous nous approchons d’elle en faisant mémoire de sa Pâque dans l’action de grâce, je vous invite à vous laisser aussi rejoindre par son amour offert à tous, concret, délicat et attentif…

Attentive en particulier aux pauvretés et misères matérielles et spirituelles, Mère Isabelle craignait pour les Orantes une vie contemplative trop refermée sur elle même et souhaitait que prière et charité soient synonymes. Là s’origine notre forme de vie contemplative ouverte au monde. Prière et charité se conjuguent en effet quand la vie Orante est généreusement donnée : vie contemplative accueillant tous les chemins de Dieu ; vie de prière persévérante et désintéressée comprise notamment comme une communion en Eglise et une contribution au salut de tous ; vie d’intériorité, d’approfondissement de la Parole de Dieu et de la spiritualité ; recherche d’unité, tournées ensemble vers Dieu dans les communautés ; ouverture fraternelle dans les contacts…

Comme Orantes, notre vocation n’est pas de fonder des œuvres mais de prier et de travailler en offrant une présence intérieurement priante et un amour sincère envers tous. … Les formes de cette ouverture à tous sont variées, que ce soit dans la prière partagée, l’accueil et la transmission spirituelle, quelques visites d’encouragement, le travail de fabrications et ventes, les emplois extérieurs…

Dites-leur que je les aime – Ces mots aujourd’hui vont au-delà des premières sœurs, à toute les sœurs et communautés, aux associés, à nos frères et sœurs en Assomption et ils rejoignent aussi nos lieux de présence, nos églises, nos prêtres… Ces mots résonnent en même temps comme une parole de Dieu qui nous habite et nous envoie : Dites-leur que je les aime. Tous nous sommes ainsi appelés à être des relais. A travers la relation personnelle que nous veillons à entretenir avec le Seigneur, c’est le soin qu’il a pour tout le troupeau qui se prépare et qui passe à travers nous, chacun selon sa grâce. «Qu’on est heureux d’aller au ciel ! » – Telle fut la toute dernière parole de notre fondatrice avant de rendre son âme à Dieu.

C’est le bonheur de la rencontre avec Celui vers qui elle était orientée depuis si longtemps, Celui à qui sa vie était donnée et consacrée, mise à part pour Lui, Celui avec et pour qui elle a répondu à ses appels, avec qui elle a vécu ses joies et ses peines… La béatitude du ciel répond à la béatitude de l’évangile de ce jour : Heureux ceux qui croient sans avoir vu – Jn.20,29 – et celle de la Vierge Marie : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur – Lc.1,45. Croire, se fier à Lui, faire confiance malgré les apparences, les difficultés ou les épreuves, c’est ce que notre fondatrice à fait tandis qu’elle n’était pas épargnée par la vie et qu’elle était éprouvée aussi dans son chemin spirituel. Elle s’est appuyée sur le Christ, le maître intérieur et aussi sur des compagnons de route pour avancer à son pas sur le chemin et donner sa part à la bonne marche du troupeau, encourageant avec elle plusieurs centaines de sœurs depuis la fondation.

Encore aujourd’hui, c’est avec son soutien que chacune s’appuie avec foi et confiance sur le Christ pour s’engager d’étape en étape et persévérer avec la ferveur de l’Esprit jusqu’à la fin. Les sœurs aînées le savent qui s’efforce de pratiquer la vie religieuse depuis 25 ou 50 ans : dans le déploiement de toute vocation, nous faisons l’expérience d’une marche, d’un pas qui en appelle un autre au fil du chemin, des escarpements, et des verts pâturages. Il est rassurant alors de nous savoir conduits par le même Pasteur fidèle qui ne nous lâche pas et qui sait par quelles transformations intérieures il nous conduit, cherchant à nous faire tous advenir à notre véritable identité, celle d’une pleine adhésion et appartenance à Dieu. Parmi nous comme parmi vous, frères, sœurs et amis, beaucoup ne sont pas épargnés par les difficultés ou l’épreuve.

Nous demandons pour chacun la grâce de continuer à croire, aimer et espérer en toutes circonstances et de sortir fortifié de l’épreuve quand elle n’a pu être évitée. Chacun où nous sommes, tachons d’ouvrir des chemins d’évangile, ne ménageons pas nos efforts pour en vivre le message en nous appuyant sur les témoins qui nous parlent afin que le Seigneur puisse nous conduire ensemble là où il nous espère. Nous vous gardons dans notre prière et notre affection fraternelle. Ensemble, prions et rendons grâce à Dieu en tous temps pour les chemins qu’il ouvre sous nos pas.

Bien fraternellement, Sœur Anne, le 3 juillet 2021.