Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Un enfantement spirituel dans l’ordinaire des jours

« Chaque âme qui croit comme Marie conçoit et enfante le Verbe de Dieu… Selon la chair il n’y a qu’une seule Mère du Christ ; selon la foi, le Christ est le fruit de tous. » Saint Ambroise

« Nous devons toujours porter Notre Seigneur avec nous. Nous sommes des porte-Dieu et nous devons donner du bon Dieu. »  Mère Isabelle, Instruction du 20 novembre 1914

Enfantements spirituels

Seigneur Jésus, venez vivre en moi, vous incarner en moi ~ La triple incarnation de Jésus-Christ naissant à la crèche, sur l’autel, dans nos âmes est un mystère qui devrait nous absorber tout entiers ~  Il me semble que rien n’est admirable comme de faire naître Jésus-Christ dans les âmes, écrit le Père d’Alzon – E.S.918, 906. 

Christocentrique, la spiritualité de la Famille de l’Assomption est marquée singulièrement par le mystère de l’Incarnation, source d’approfondissement dans l’union à Dieu et de fécondité dans l’action apostolique.

Nous retrouvons dans notre spiritualité Orante les traces de la triple incarnation évoquée : humilité, simplicité et pauvreté joyeuse de la crèche comme accents voulus par nos fondateurs ; vie eucharistique faite d’adoration, d’action de grâce et de générosité dans le don total de soi ; vie spirituelle de recherche constante de Dieu pour être sa demeure au long des jours… C’est là ce qui doit nous « absorber tout entiers », nous approfondir dans la recherche de l’union à Dieu et renforcer un témoignage plus évangélique auprès de ceux que nous côtoyons. 

Même s’ils ont connus des épreuves les associant de près aux mystères de la passion et la résurrection du Christ, plusieurs de nos fondateurs et fondatrices ont vécus de lumineuses grâces de Noël qui ont contribué à les façonner et les inspirer. Ils ne les ont jamais oubliées et en ravivent le message en se les remémorant au fil de leurs parcours. […]

Cette attitude de mémoire active est nécessaire à la vie spirituelle et ne se limite bien sûr pas aux grâces éventuellement reçues à Noël. N’hésitons pas à apprendre de nos fondateurs ou d’autres grands témoins spirituels à repérer comment Dieu conduit : quels sont les faits, paroles ou expériences qui les marquent au point de contribuer à façonner leur vie et de rester une lumière ainsi qu’une mémoire active et bienfaisante pour leur vie. Apprenons surtout à faire de même pour notre propre vie.

Demandons au Seigneur la force de quitter ce qui nous accapare ou de fermer le téléphone portable pour ouvrir l’Evangile et les Ecritures.  Celles-ci, de même que la durée et la persévérance dans l’oraison nous exposent à Dieu, sous son regard bienveillant. Nous nous y recevons de Lui… C’est dans la même optique de relecture d’année que devraient être fait ce que nous appelons « auto-évaluation » lors des demandes d’admission. Il est important de pouvoir évaluer ses progrès ou ses manques mais plus encore de voir et partagé comment le Seigneur nous a conduits et a pu y faire son chemin ou non.

N’hésitons-pas d’autre part à ouvrir ou reprendre un carnet de notes spirituelles à l’occasion de nos temps de désert et de nos retraites mensuelles et annuelles. Veillons à y écrire ce que nous pouvons repérer comme moments importants de notre parcours à la suite du Christ : ceux qui ont impacté ou façonné nos vies et notre relation à Dieu et qui peuvent encore nous redynamiser spirituellement quand nous nous les rappelons.

Il n’est pas nécessaire que ces grâces ayant agi sur nos âmes soient nombreuses ni extraordinaires mais nous pouvons les reconnaître comme fondatrices et dynamisantes. Elles peuvent être très simples mais spéciales ou intenses pour nous et doivent le rester ou nous réveiller dans notre relation de fille du Père, de sœur de Jésus et de recherche d’union avec eux par l’Esprit. Ne laissons pas le dynamisme de la grâce s’éteindre ni se perdre dans l’oubli !

« Dès que Dieu donne une lumière, il faut la suivre aussitôt ; si nous ne la suivons pas aussitôt, bien souvent il nous arrive un grand détriment, la lumière passe, elle met souvent longtemps avant de revenir, et quelquefois ne revient pas. C’est une grâce perdue, un progrès que nous n’avons pas accompli, que nous n’accomplirons jamais. » – Mère Isabelle, le 7 mars 1914.

Que percevons-nous de notre itinéraire spirituel ? Profitons de ce temps pour en faire une relecture

Tout moment peut être propice pour faire une relecture de vie. Celle-ci peut avoir parfois quelques connotations morales (révision de ses comportements) mais doit surtout et toujours être à dimension spirituelle c’est-à-dire dans l’écoute de l’Esprit et la recherche de la conduite et l’action de Dieu dans nos vies.

Voici que tu m’habitais et j’étais au dehors… Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi, j’étais retenu par ces choses… constate Augustin. Avec lui, mettons nos énergies à passer de l’extérieur vers l’intérieur ; aimons à dépasser la superficie des choses, des relations et des événements ; découvrons-en le sens spirituel ou surnaturel et la manière dont Dieu nous y conduit. Il ne manque pas de moyens pour nous parler ou nous faire signe mais admettons-nous que ses visites puissent nous rejoindre à tout moment ?

Acceptons-nous de les percevoir ou attendre longuement de l’intérieur, dans le silence, l’oraison ou le courant de la vie ? Soyons conscients que cette perception s’éloigne de nous quand nous entrons dans la négligence ou dans les impressions, le bavardage extérieur ou intérieur, la recherche de nous-mêmes, nos goûts, notre sensibilité, nos intérêts ou volontés propres. Puissent la fréquentation assidue de la Parole de Dieu ainsi que la garde du cœur et des pensées nous apprendre le détachement de nous-mêmes, la joie du don et la disponibilité aux chemins de Dieu, tant pour nous-mêmes que pour le communiquer à d’autres.

Comme Mère Isabelle en avait le souci, ne risquons pas de nous bercer d’illusions. Ce qui nous frappe ou que nous ressentons en lisant l’Ecriture, dans notre prière ou dans la vie ne nous apporte pas nécessairement de véritable message intérieur ni impact durable. Ce qui fait naître à la vie de Dieu et trace les étapes d’un itinéraire spirituel ce sont les grâces reçues – s’exprimant par exemple par une Parole signifiante ou un évènement interpellant – et les décisions ou attitudes qui y répondent durablement. Elles manifestent ainsi ce qui vient de l’Esprit et s’impose au fond du cœur pour faire entrer dans les desseins de Dieu.

Aux sources de la vie spirituelle 

Dieu révèle son Amour. Il fait connaître son Salut et se fait connaître lui-même comme l’Amour même, l’ami des hommes, lié d’amour avec chacun.e dans une alliance toujours nouvelle. Notre amour veut répondre à son amour toujours premier, selon ce que nous sommes et ce qu’Il nous montre. Notre relation personnelle à Dieu est unique en même temps qu’éclairée par celles que nous rencontrons dans la Bible.

La vie spirituelle c’est d’être avec le Christ, en tout et partout, grâce à la présence active de l’Esprit Saint. Voilà pourquoi notre vie spirituelle ne peut pas s’écarter de l’Évangile. Mais chaque baptisé­ et chacune des époques renouvelle l’expérience chrétienne de façon unique selon les dons reçus de l’Esprit.

Pour progresser, fais-toi des repères, observe bien la route, le chemin par lequel tu t’en es allé.. (Jr 31, 21). Ces lignes veulent t’aider à te donner des repères et garder une mémoire active de ton cheminement spirituel :

  • Identifie un ou deux événements dans lesquels Dieu est venu à ta rencontre. De quel manière s’est-il montré à toi et à quoi l’a tu reconnu ? En quoi cette expérience spirituelle t’as-t-elle marquée ? Vers quoi cela t’envoyait-il ? Qu’est-ce que cela à changer ? Comment ?
  • Identifie des passages bibliques (en particulier des personnages de la Bible) qui t’aident à relire et à situer ton expérience de Dieu. En  quoi ces témoins ou repères bibliques relancent-ils ta marche vers Dieu et les autres
  • Certains livres bibliques comportent des images fortes de l’amour de Dieu et de la réponse humaine. Tu pourrais lire par exemple le livre d’Osée ou d’Ezechiel dans ce sens et revenir de temps à autres aux pages bibliques qui nourrissent le plus ta conscience de l’amour de Dieu.
  • Récapitule les dates et les événements importants de ton cheminement spirituel. Retiens les mots clés qui sont éclairants pour toi. Note ce que tu situes comme interpellation ou indications importantes comme accents qui te seraient personnels dont tenir compte dans ta mission Orante, la conduite à tenir, les choix à faire…

En résumé : Le cheminement spirituel vient de Dieu qui prend l’initiative de venir à ma rencontre pour me révéler son amour et son salut. C’est son appel qui me met en route. La Parole de Dieu sera la source ou confirmation principales de notre cheminement. Nous n’avons qu’un seul Guide pour la route : le Christ agissant par l’Esprit. Les maîtres spirituels et les accompagnateurs sont des compagnons de route qui nous aident à trouver notre voie.

Gardant toute chose en son cœur, la Vierge Marie nous enseigne l’intériorité et la relecture des chemins de Dieu. Par son fiat d’acquiescement à l’étonnant dessein de Dieu, elle participe à l’engendrement de l’Emmanuel. Demandons-nous chacun : quel est le fiat que j’ai à dire aujourd’hui pour contribuer à la vie de Dieu dans ma communauté ? et sur les lieux de ma présence contemplative au monde ?             

                                         Sœur Anne H., Orante de l’Assomption