Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Confinement des apôtres, apparition de Jésus

Apôtres en confinement
Source : Siloé-37

Après l’arrestation puis la mort de Jésus, la plupart de ses disciples se sont dispersés, craignant de subir le même sort. Terrifiés par la peur, les apôtres se sont isolés du monde en se confinant, et pourtant, malgré tout, Jésus leur est apparu. Le premier mot qu’il leur adresse c’est bien un message de réconfort et d’encouragement : « La paix soit avec vous ! » Jn 20:19. Par ailleurs, l’apparition de Jésus n’est pas une fin à soi, Jésus leur apparaît pour les libérer de la peur et les envoyer proclamer la bonne nouvelle partout dans le monde. Même en confinement, l’Esprit Saint nous donne le pouvoir d’être témoin du Christ ici et jusqu’aux extrémités de la terre.

Jésus est apparu à ses apôtres pendant un confinement…

Après l’arrestation et la mort de Jésus, ses disciples ont vécu dans la peur, incertains de l’avenir et plein de doutes quant à la véracité du message du Christ. Au lieu de reprendre leur vie normale, ils se sont éloignés des rassemblements sociaux normaux et ont choisi de se « verrouiller », en se confinant. Et pourtant, au plus fort de leurs doutes et de leurs angoisses Jésus leur est apparu et leur a offert la paix.

L’apparition de Jésus à ses disciples (20,19-23)

La scène se déroule dans une maison dont les portes sont verrouillées, le soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche, jour du rassemblement liturgique des premiers chrétiens, temps privilégié pour réactualiser la fraction du pain. Les disciples, soit les Onze, vivent dans la peur et l’enfermement par crainte des autorités juives.

Or, c’est dans ce milieu clos que surgit Jésus. Paix à vous! (Shalom) leur dit-il. La paix qu’il leur souhaite a pour but de les réconforter et de les rassurer dans l’état d’angoisse où ils se trouvent. Ce Shalom, salut ordinaire des Juifs, n’est pas seulement un souhait de courtoisie qui équivaut pour ceux qui l’entendent à une possibilité, à une éventualité, mais un don accordé par Dieu lui-même comme dans la prophétie ou dans l’Évangile.

En parlant, Jésus montre les traces de la crucifixion sur ses mains et sur son côté. En agissant ainsi, Jésus désire affermir la foi de ses apôtres, se faire reconnaître pour celui qui a souffert et qui a été crucifié, et pour celui qui est à jamais avec eux. Lui qui vient de faire l’expérience de la mort se révèle ici maître de la vie. Certes, la présence physique ordinaire de Jésus a pris fin. Cependant, celui qui est là au milieu d’eux est leur maître Jésus exalté, c’est-à-dire la même personne qu’ils ont connue et aimée, mais désormais transfigurée par la résurrection. Jusque-là craintifs, les disciples sont comblés de joie. Ils ont maintenant la certitude que Jésus est vivant. Ainsi s’accomplit pour la première fois, la promesse que Jésus leur a faite avant sa mort, en leur annonçant que la joie suivra de près la douleur.

Mais même après cette première rencontre avec Jésus ressuscité, les apôtres ont continué leur « confinement » jusqu’à ce que Jésus apparaisse une seconde fois.

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20:26)

Bible (AELF)

Alors, pourquoi ne pas relire, à chaque fois que nous nous sentons seuls et isolés notamment en ces périodes de confinement ou de quarantaine, ce passage de l’Évangile et nous imaginer à la place des apôtres. Imaginez-vous, pendant quelques minutes, dans cette pièce fermée où se trouvent les apôtres. Ils expriment tous des sentiments d’inquiétude et d’anxiété, stressés par les événements qui viennent de se produire. Au milieu de toute cette anxiété, Jésus passe par leur porte fermée et entre dans la pièce.

Jésus, maître de la situation, quoiqu’il arrive

Jésus apporte la paix à ceux qui sont enfermés, il calme les cœurs et apaise les soucis. Il sait les peurs de chacun et offre, à la place, sa paix. Tout ce que nous devons faire, c’est accepter son don de la paix dans nos cœurs fermés et verrouillés. Et si cette période de confinement était l’occasion de les ouvrir et les mettre à l’écoute de son amour et de sa paix, permettant à Jésus d’y habiter et cela quoi qu’il arrive à l’extérieur dans le monde ?

L’apparition du Ressuscité n’est pas une fin en soi

L’apparition du Christ débouche sur une mission. Jésus répète à ses apôtres le salut pour en marquer la haute signification. Ici, le souhait de paix du Ressuscité est un bien spirituel, un don intérieur qui est relié à la mission des apôtres et au don de l’Esprit. Le mandat conféré aux disciples par le Ressuscité s’enracine dans la mission que le Père a confiée à Jésus, mission qui correspond à leur investiture comme prédicateurs et témoins en Matthieu 28,19-20 et Luc 24,47-48.

Les disciples devront rendre présente dans le monde l’œuvre de salut accomplie par Jésus lors de son séjour terrestre. Le souffle de Jésus et le don de l’Esprit évoquent divers passages bibliques. À l’instar de Dieu qui a insufflé son esprit de vie sur Adam (Gn 2,7; Sg 15,11), à l’instar de l’Esprit qui est descendu sur Jésus (Jn 1,33-34), le Christ ressuscité insuffle la puissance de l’Esprit sur les apôtres (Jn 14,26), puissance de salut que les disciples manifesteront désormais en communion avec Jésus. Le Seigneur Jésus les crée donc à nouveau et leur confie la responsabilité de rendre Dieu présent dans le monde.

À l’écoute de leur témoignage, les hommes croiront ou se scandaliseront. Comme Dieu, puis comme son envoyé Jésus, les apôtres peuvent remettre ou retenir les péchés par le baptême auquel conduit la prédication. L’Esprit les relie tellement étroitement à Dieu, que lorsqu’ils pardonnent aux hommes ou maintiennent leurs péchés, c’est Dieu qui, par eux,  absout et retient les péchés.

Cf. Le Feuillet biblique, no 2529 , Béatrice Bérubé