Exhortation Apostolique Gaudete et Exsultate du Pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel.
La sainteté du quotidien
Le pape François affirme que la sainteté est un chemin radical, où la « médiocrité » n’a pas sa place. Pourtant, il précise que ce chemin n’est pas réservé à une élite et qu’il s’offre à tous. Le pape insiste sur une sainteté « du quotidien » très incarnée :
16. Cette sainteté à laquelle le Seigneur t’appelle grandira par de petits gestes. Par exemple: une dame va au marché pour faire des achats, elle rencontre une voisine et commence à parler, et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même : « Non, je ne dirai du mal de personne ». Voilà un pas dans la sainteté! Ensuite, à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves, et, bien qu’elle soit fatiguée, elle s’assoit à côté de lui et l’écoute avec patience et affection. Voilà une autre offrande qui sanctifie! Ensuite, elle connaît un moment d’angoisse, mais elle se souvient de l’amour de la Vierge Marie, prend le chapelet et prie avec foi. Voilà une autre voie de sainteté! Elle sort après dans la rue, rencontre un pauvre et s’arrête pour échanger avec lui avec affection. Voilà un autre pas !
La sainteté est une lutte
Plusieurs fois, le Pape déclare que la sainteté est difficile et qu’elle est faite de combats. 114. Il nous faut lutter et être attentifs face à nos propres penchants agressifs et égocentriques pour ne pas permettre qu’ils s’enracinent : « Emportez-vous, mais ne commettez pas le péché : que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ep 4, 26).
Elle n’est pas sans danger.
140. Il est très difficile de lutter contre notre propre concupiscence ainsi que contre les embûches et les tentations du démon et du monde égoïste, si nous sommes trop isolés. Le bombardement qui nous séduit est tel que, si nous sommes trop seuls, nous perdons facilement le sens de la réalité, la clairvoyance intérieure, et nous succombons.
Les Béatitudes, la voie royale
Huit Béatitudes sont finement commentées par le pape, véritable carte d’identité du chrétien à adopter. Vivre ces Béatitudes c’est accepter d’être à contre-courant du monde, tout en étant pleinement à vivre dans la société d’aujourd’hui. Chacune des méditations ouvre à une attitude très concrète.
« Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté », « Réagir avec humble douceur c’est cela la sainteté », « semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté »…
Le grand critère
Le chapitre 25 de l’Évangile selon Matthieu est au centre de l’exhortation apostolique. Ne pas s’occuper des « plus petits » est une impasse, selon le pape. Il précise que dans le domaine de la défense des « plus petits », il est impossible de choisir l’un d’eux contre ou en priorité. Ainsi, par exemple, les combats pour les enfants à naître ne doivent pas faire oublier les migrants.
101. Est également préjudiciable et idéologique l’erreur de ceux qui vivent en suspectant l’engagement social des autres, le considérant comme quelque chose de superficiel, de mondain, de laïcisant, immanentisme, de communiste, de populiste. Ou bien, ils le relativisent comme s’il y avait d’autres choses plus importantes ou comme si les intéressait seulement une certaine éthique ou une cause qu’eux-mêmes défendent. La défense de l’innocent qui n’est pas encore né, par exemple, doit être sans équivoque, ferme et passionnée, parce que là est en jeu la dignité de la vie humaine, toujours sacrée, et l’amour de chaque personne indépendamment de son développement exige cela. Mais est également sacrée la vie des pauvres qui sont déjà nés, de ceux qui se débattent dans la misère, l’abandon, le mépris, la traite des personnes, l’euthanasie cachée des malades et des personnes âgées privées d’attention, dans les nouvelles formes d’esclavage, et dans tout genre de marginalisation.
Le pape insiste sur l’investissement pour le plus pauvre qui seul rendra le culte authentique. Proposition de vivre un christianisme intégral unifiant vie spirituelle et engagement concret au service des autres.
106. Je ne peux pas m’empêcher de rappeler cette question que se posait saint Thomas d’Aquin quand il examinait quelles sont nos actions les plus grandes, quelles sont les œuvres extérieures qui manifestent le mieux notre amour de Dieu. Il a répondu sans hésiter que ce sont les œuvres de miséricorde envers le prochain, plus que les actes de culte : « Les sacrifices et les offrandes qui font partie du culte divin ne sont pas pour Dieu lui-même, mais pour nous et nos proches. Lui-même n’en a nul besoin, et s’il les veut, c’est pour exercer notre dévotion et pour aider le prochain. C’est pourquoi la miséricorde qui subvient aux besoins des autres, lui agrée davantage, étant plus immédiatement utile au prochain ».
Pour François, le chrétien doit rechercher « un changement social », mais cette disposition n’est pas dissociable d’une relation personnelle avec le Seigneur. Le christianisme n’est pas « une espèce d’ONG privée de cette mystique lumineuse […] ».
François souligne aussi l’importance de l’humilité « qui ne peut s’enraciner dans le cœur qu’à travers les humiliations », mais qui ne doit pas être assimilée au masochisme. Cette attitude de paix nous libère de « l’agressivité qui jaillit d’un ego démesuré ». Et elle ne va pas sans la joie et le sens de l’humour ! Le Christ « nous veut positifs, reconnaissants et pas trop compliqués », insiste-t-il. Il recommande la prière de saint Thomas More : « Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres ».
Le mal, l’ennemi !
Le pape dénonce l’adversaire, il invite à repérer l’ennemi de la sainteté. Ce n’est pas le monde qui serait l’ennemi de la sainteté, mais le diable qui est un ennemi personnel : 161. Ne pensons donc pas que c’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Cette erreur nous conduit à baisser les bras, à relâcher l’attention et à être plus exposés. Il n’a pas besoin de nous posséder. Il nous empoisonne par la haine, par la tristesse, par l’envie, par les vices.
Le discernement est nécessaire pour s’y retrouver. 166. Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c’est le discernement qui ne requiert pas seulement une bonne capacité à raisonner ou le sens commun. C’est aussi un don qu’il faut demander