Les disciples ne peuvent pas croire.
Pour le moment, faisons attention à ce que nous avons entendu aujourd’hui. Hier, je vous ai parlé du manque de foi des disciples. Aujourd’hui, Luc en parle plus clairement encore. Ainsi nous comprendrons mieux notre bonheur. En effet, Dieu nous fait le don de croire ce que nous ne voyons pas. Jésus a appelé ses disciples. Il les a instruits, il a vécu avec eux sur la terre. Il a fait devant eux des choses extraordinaires, et cela sans arrêt. Il a réveillé des gens de la mort. Pourtant, les disciples n’arrivent pas à croire que Jésus a réveillé son corps de la mort.
Les disciples ne croient pas les femmes
Des femmes viennent à la tombe. Là, elles ne trouvent pas le corps de Jésus. Des anges leur disent : Le Seigneur s’est réveillé de la mort. Alors, les femmes vont l’annoncer aux disciples. Et alors ? Qu’est-ce que le texte dit ? Qu’est-ce que vous avez entendu ? Les disciples pensent que les femmes disent n’importe quoi, et ils ne les croient pas (Lc 24, 11). Voilà bien le malheur des êtres humains ! En effet, quand Ève raconte ce que le serpent lui dit, on l’écoute tout de suite. On croit une femme menteuse, cela nous a conduits à la mort. Ici, des femmes disent ce qui est vrai pour que nous ayons la vie, et on ne les croit pas. Si on ne doit pas croire les femmes, pourquoi est-ce qu’Adam a cru Ève ? Si on doit croire les femmes, pourquoi les disciples n’ont-ils pas cru les femmes, amies de Dieu ? Remarquons ici la bonté de notre Seigneur. Voyez ce qu’il demande à chacun. En effet, notre Seigneur Jésus Christ a voulu que des femmes annoncent les premières son réveil de la mort. Pourquoi donc ? C’est une femme qui a fait tomber l’homme dans le péché (Gn 3, 6). C’est aussi une femme qui a remis l’homme debout. Oui, c’est une jeune fille qui a mis au monde le Christ. Ce sont aussi des femmes qui annoncent son réveil de la mort. Une femme a donné la mort. Une femme a donné la vie. Mais les disciples ne croient pas ce que les femmes leur disent. Ils pensent qu’elles sont folles. Pourtant, ce qu’elles disent est vrai.
Les disciples d’Emmaüs
Maintenant, voici deux autres disciples. Ils marchent sur une route (Lc 24, 13). Ils parlent entre eux des événements de Jérusalem, de la mort du Christ. Ils parlent tout en marchant. Ils sont tristes parce qu’ils le croient mort. En effet, ils ne savent pas qu’il s’est réveillé de la mort. Jésus se montre, mais ils le prennent pour un troisième voyageur. Il parle avec eux amicalement. Mais leurs yeux sont fermés, et ils ne peuvent donc pas le reconnaître. En effet, il faut d’abord que ses paroles touchent davantage leur cœur. Ils le reconnaîtront seulement plus tard. Pour le moment, Jésus leur demande de quoi ils parlent. Il veut leur faire dire ce qu’il sait bien lui-même. Voyons, qu’est-ce que vous avez entendu ? Les deux disciples sont tout étonnés de sa question. En effet, Jésus semble ignorer ce que tout le monde sait. Pourtant, cette histoire a fait beaucoup de bruit ! Ils lui disent : Tous les pèlerins de Jérusalem savent ce qui est arrivé ces jours-ci ! Et, toi seul, tu ne le sais pas ? Il leur demande : Quoi donc ? Les disciples lui répondent : Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : c’était un prophète puissant par ses paroles et par ses actions (Lc 24, 18). [Ici, Augustin parle directement aux disciples d’Emmaüs] Eh quoi ? Vous, ses disciples, vous dites que le Christ est un prophète ? Mais non ! Il est le maître des prophètes !
Sermon de Saint Augustin sur la Résurrection du Christ, Sermon 232