Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

Pris à part sur la montagne

La Transfiguration de Jésus sur la montagne

En ce deuxième dimanche du Carême, nous n’oublions pas l’appel qui nous était adressé le mercredi des Cendres : « Revenez à moi de tout votre cœur. » Chaque chrétien doit prendre le carême au sérieux. C’est le Seigneur qui nous appelle à un véritable retournement. Nous allons à lui tels que nous sommes, avec nos blessures, notre péché. Dans le sacrement du pardon et celui de l’Eucharistie, le Seigneur est là pour nous accueillir, nous nourrir et nous redonner la joie d’être pardonnés. C’est ainsi pourrons progresser dans notre marche vers Pâques.

Les lectures de ce dimanche nous parlent précisément de cette marche comme d’une véritable expédition. Elles nous amènent au sommet d’une montagne. Dans le premier texte, il s’agit de la montagne de Moriah ; c’est le lieu du sacrifice d’Abraham. Dans l’Evangile, c’est le Tabor, lieu où Jésus a été transfiguré devant ses disciples les plus proches. Et dans la seconde lecture, l’apôtre Paul nous renvoie à la montagne du Calvaire. C’est là que Jésus a été livré et crucifié pour nous.

Pourquoi cette insistance sur la montagne ? Il faut savoir que dans le monde de la Bible, c’est un lieu symbolique très fort. C’est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu. C’est là que Dieu s’est manifesté à Moïse. Il lui parlait « face à face, comme on parle à un ami ». Le prophète Elie y a également fait l’expérience de Dieu. Dans l’évangile, nous voyons Jésus se retirer sur la montagne, loin de la foule, de préférence la nuit. C’était pour lui un lieu de rencontre privilégié avec le Père dans une prière silencieuse. Et puis, nous n’oublions pas la montagne des béatitudes. Jésus y a proclamé des paroles très fortes d’amour et de vie.

Comprenons bien, il ne s’agit pas de nous lancer dans l’Alpinisme. L’important c’est peut-être de prendre de la hauteur par rapport à ce que nous vivons. Trop souvent, nous nous laissons accaparer par les soucis de la vie, les problèmes matériels. Et nous avons du mal à entendre les appels du Seigneur qui nous invite à venir à lui. Le Carême c’est un temps de retraite. Nous sommes en marche vers la Pâque du Christ. Le grand message de ces lectures c’est toujours un appel à avancer.

Dans l’évangile de ce jour, la réalité dépasse tout ce qu’on aurait pu imaginer : Jésus amène trois de ses disciples sur une montagne. Saint Marc nous dit qu’il fut transfiguré devant eux. Il est tout entier donné dans sa prière à son Père. Il se montre avec toute la chaleur et l’incandescence de son amour. Moïse et Elie sont là. Moïse représente la loi et Elie les prophètes. Ils se rejoignent dans cette rencontre avec Dieu. Cette rencontre veut préparer les disciples à ce qui va suivre. Aujourd’hui, ils voient son visage transfiguré. Dans quelques jours, ils le verront défiguré. Ils sont invités à lui faire confiance quoi qu’il arrive.

Vivre le Carême, c’est gravir la montagne et se mettre à l’écoute de Jésus. On n’y parvient pas tout de suite. Il faut de la patience et du courage. Il faut monter pour contempler les choses. Gravir la montagne c’est prendre le temps de l’écoute, c’est se réserver chaque jour du temps pour la prière. Si nous ne gravissons pas cette montagne avec Jésus, nous manquerons quelque chose d’absolument essentiel. Comme pour les trois disciples, Jésus veut nous libérer du sommeil de l’individualisme et de la tristesse. Il est urgent que nous mettions le Christ au centre de notre vie.

Pierre ne sait pas très bien quoi dire. Il propose à Jésus de dresser trois tentes, une pour lui, une pour Moïse et une pour Elie. Mais la voix du Père se fait entendre pour l’inviter à voir les choses différemment : ces tentes, il faut les construire dans le monde, dans les cœurs endurcis des humains, dans la vie ordinaire. Dans la Bible, la tente c’est le lieu de la présence de Dieu. Dieu voit ce monde défiguré par la haine, les guerres, les violences de toutes sortes. Or c’est dans ce monde que Dieu veut habiter. Et il compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Il nous invite à construire un monde rempli de son amour. Cette beauté qui est en lui, Jésus veut nous en revêtir en nous faisant partager sa divinité. Écoutons-le dans la prière. Lui seul peut nous transfigurer.

En ce jour, nous te supplions, Seigneur : « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour. »

Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Avec saint Marc (Claire Patier), Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye), la Parole de Dieu pour chaque jour Vincenzo Paglia